lundi 16 juillet 2007

"Aux sources du vipassana" par Daniel Milles



photo du site Fleurduzen



Vipassana est un terme qui apparaît de plus en plus souvent dans la presse spécialisée consacrée aux religions et spiritualités. Un certain nombre d'ouvrages, pour la plupart écrits par des auteurs anglo-saxons, ont popularisé la pratique vipassana. Le plus connu de ces auteurs est Jack Kornfield . Sur internet, une recherche sur le mot-clé Vipassana produit plusieurs milliers de références de pages. Vipassana a fait sont apparition dans les salons du mieux-être, au même titre que le zen, et même les idéologies du type New Age commencent à en faire état ! Mais en Europe, dans les milieux bouddhistes, Vipassana fait le plus souvent référence à la technique de méditation enseignée par S. N. Goenka, un maître indien qui reçut sa formation Vipassana en Birmanie.

Vipassana, une technique de méditation
Etymologiquement, Vipassana, un terme pali , signifie voir en profondeur. Dans les traductions, Vipassana est souvent rendu par vision profonde, vue pénétrante, vision intuitive. Le maître Thich Nhat Hanh, le traduit par " regard profond ". Vipassana est une manière d'appréhender la réalité qui permet de voir derrière le voile des apparences, de découvrir ce qui est caché à l'expérience ordinaire. Voir a donc ici un sens bien particulier, car il ne s'agit pas de vision physique mais plutôt de porter un regard intérieur sur les choses, de voir au-delà des apparences. Ce regard intérieur n'est pas spontané; il se cultive. Les techniques de méditation sont les outils qui permettent de cultiver Vipassana.

Qu'est-ce qu'une technique de méditation ? Dans le bouddhisme c'est un ensemble d'instructions et de méthodes conçues pour obtenir la compréhension de la vraie nature des choses, ou - selon l'expression canonique - pour voir les choses telles qu'elles sont. Au cours de la pratique, un changement dans la perception du méditant se manifeste. Perception est à prendre au sens large : au fil du temps c'est l'ensemble des rapports que le méditant entretien avec les autres et son environnement qui se modifie. Mais Vipassana ne vise ni la transformation ni l'amélioration du méditant, car toute idée d'amélioration projette inévitablement le méditant dans le futur, et la découverte de la réalité ne peut avoir lieu que dans l'instant présent. Une transformation se produira inévitablement, mais elle n'est par recherchée pour elle-même.

Samatha et Vipassana
Les techniques de méditation bouddhique ont deux aspects : Samatha et Vipassana.
Samatha est la paix, le calme mental, la tranquillité, qualités qui sont cultivées pour rassembler le mental. Samatha est pratiqué sans perte de lucidité. La pratique aboutit à un état de pleine conscience éveillée et non à un état d'absorption ou de transe (samadhi), comme dans certaines écoles de yoga. Concrètement la pratique de Samatha consiste dans l'établissement de l'attention sur le corps, les sensations, les états mentaux et les dharmas (phénomènes). L'observation du va et vient du souffle (Anapanasati) est l'outil privilégié des méditants pour ancrer le pratiquant dans le présent, mais d'autres supports peuvent être utilisés comme l'attention aux sensations ou l'attention aux sons.

Vipassana est la composante de la méditation qui permet le surgissement de prajña, qu'on traduit, faute de mieux, par sagesse. Pour faire comprendre le rôle respectif de Samatha et Vipassana, le maître ceylanais, Bhante Gunaratana , utilise l'analogie de la loupe.

"Lorsque les rayons parallèles du soleil tombent sur une feuille de papier, ils ne feront rien de plus qu'élever sa température. Mais si la même quantité de lumière, concentrée au moyen d'une loupe, tombe en un seul point de la feuille de papier, celle-ci s'enflamme. La concentration (Samatha) joue le rôle de la loupe. Elle produit l'intensité nécessaire pour voir (Vipassana) dans les couches profondes du mental".

Vipassana est cette faculté qui choisit l'objet sur lequel la loupe va se focaliser et regarde à travers elle pour étudier ce dont il s'agit. C'est la connaissance obtenue grâce à Vipassana qui libère. L'art de méditer consiste donc à équilibrer ces deux aspects. Vipassana a tendance à déconcentrer l'esprit. Samatha sans Vipassana conduirait le méditant dans des états d'absorption ou d'extase (dhyana). Ces états par eux-mêmes sont impuissants à libérer l'esprit de ses voiles et obstructions. A l'inverse, Vipassana sans Samatha est inefficace, car l'esprit manque de puissance pour percer à travers le voile des illusions. La plupart des systèmes de méditation non-bouddhistes, dans le yoga notamment, insistent sur la composante Samatha (recherche d'états de concentration ou samadhi). Vipassana est l'apport spécifique du Bouddha aux systèmes de méditation de l'Inde. Ceci pourrait expliquer pourquoi, dans les pays d'Asie du Sud-est, on parle de méditation Vipassana quand, pour être précis, on devrait se référer à samatha / vipassana.

Samatha et Vipassana sont présents dans presque toutes les techniques de méditation des traditions bouddhiques. Mais chaque tradition les implémente à sa manière. Par exemple, dans le Zen coréen et le Rinzaï japonais, Samatha et Vipassana sont pratiqués en se concentrant sur un koan. Dans une des écoles du Bouddhisme Tibétain, Vipassana surgit de la méditation analytique. Dans la forme la plus ancienne du bouddhisme, le Theravada, Vipassana consiste à découvrir la nature non-satisfaisante, changeante et dénuée d'essence des phénomènes. Ayant réalisé ces trois caractéristiques de l'existence, le pratiquant atteint le nirvana, l'extinction de toute soif et la libération de la douleur.

Il y a, disciples, un Royaume sans terre, sans eau, sans feu, sans air.
Ce n'est pas l'espace infini, ni la pensée infinie, ni le néant, ni l'idée ou l'absence d'idée.
Ni ce monde, ni autre chose.
Je ne l'appelle ni une venue, ni un départ, ni une attitude fixe, ni la mort, ni la naissance.
C'est sans progrès, sans station,
C'est la fin de la douleur.
Pour qui se cramponne à quelque chose, la chute vient.
Mais à ce qui ne se cramponne pas, nulle chute n'arrive.
Où il n'est pas de chute, est le repos,
Et où est le repos, il n'est pas de désir aiguisé.
Là où il n'est pas de désir aiguisé, rien ne va, ni ne vient.
Et où rien ne va ni ne vient, il n'est ni mort, ni naissance.
Où il n'est ni mort, ni naissance, il n'y a pas non plus ni ce monde, ni cela, ni rien entre.
C'est la fin de la douleur.
Il y a, disciples, un non-devenu, non-né, non-cré, non-formé ;
S'il n'y avait pas ce non-devenu, non-né, non-créé, non-formé,
Il n'y aurait pas de sortie possible pour ce qui est devenu, né, créé, et formé ;
Mais puisqu'il y a un non-devenu,non-né, non-créé, non-formé,
Ainsi peut s'échapper ce qui est devenu, né, créé, et formé.
LE BOUDDHA

Le sens du terme vipassana s'enrichit.
Vipassana, en tant que composante de la méditation, n'est qu'un aspect de la doctrine bouddhique - le contrepoids de Samatha. Il en est ainsi depuis le Vème siècle de notre ère . Or, au cours du XX è siècle, à ce sens premier viennent s'en ajouter d'autres ; le terme est employé dans un autre contexte. Progressivement, il sert à décrire la pratique de la méditation elle-même. Au lieu de parler de la pratique de la méditation bouddhique, on commence à parler de la pratique de Vipassana, comme si Vipassana englobait tous les aspects de la pratique bouddhique ! Plus tard encore on parlera des pratiquants Vipassana, pour finalement englober ceux qui pratiquent cette méthode dans un mouvement ou une école de méditation qu'on qualifiera également de Vipassana, le courant vipassana ou le mouvement vipassana. Il est intéressant de chercher à comprendre comment ce glissement s'est produit.

Bref retour historique.
Tout commence en Birmanie et au Sri Lanka à la fin du XIXe siècle. Ces deux pays vivent alors sous domination coloniale anglaise. Les membres des classes moyennes subissent l'influence du colonisateur dans les domaines des sciences, des technologies et de la religion. En raison de la supériorité, sur le plan économique et technologique, des Occidentaux, les missionnaires protestants sont convaincus de leur supériorité culturelle et religieuse. Ils déconsidèrent le bouddhisme qu'ils traitent de paganisme, rabaissant la foi bouddhique à des croyances superstitieuses et à un culte idolâtre (peut-être non sans raison !). D'un côté les classes moyennes sont séduites par le savoir-faire est les prouesses technologiques de l'Occident, de l'autre elles en supportent mal l'impérialisme politique, religieux et culturel. A partir de ce moment s'ouvre la voie pour l'élaboration d'un contre modèle.

Naissance de mouvements réformateurs modernes.
C'est ainsi que des mouvements nationalistes voient le jour, qui se concrétisent par la création de courants réformateurs modernes, ayant bien sûr des visées politiques, notamment celle d'obtenir l'indépendance, mais pas seulement. Une partie de ses adhérents cherche à trouver des bases bouddhiques, canoniques, sur lesquelles construire une société plus moderne. Des intellectuels, moines ou laïques, hommes et femmes, essaient de dégager ce qui pour eux constitue la base, l'essence même de l'enseignement du bouddha. Probablement influencés par le modernisme et le protestantisme occidental, ils cherchent à sortir des aspects purement religieux du culte bouddhique pour mettre en valeur ses aspects rationnels et, selon eux, scientifiques. Fait nouveau, les moines n'ont plus le leadership exclusif. Pour la première fois ils partagent leur rôle de détenteur du savoir avec des laïques.

Qu'est-ce que les pionniers de ce courant moderne mettent en lumière ? Des textes classiques, ils "excavent" - entre autres - une façon de méditer qui met l'accent sur ce qu'on devrait appeler le "satipatthana", c'est-à-dire "les quatre fondements de l'attention", mais qu'ils nomment, comme nous l'avons vu, Vipassana, un terme que le Bouddha n'aurait peut-être lui-même jamais employé. La pratique est décrite comme une technique, une méthode scientifique, conçue pour appréhender la vraie nature des choses. L'Occident a prouvé sa supériorité incontestable dans le domaine des choses extérieures ; l'ambition des propagateurs de vipassana va être de montrer que leur méthode est la méthode scientifique par excellence pour connaître et maîtriser les choses intérieures.

La pratique Vipassana se répand parmi les moines, mais aussi parmi les laïques, hommes et femmes. Beaucoup adhèrent à cette nouvelle interprétation de la pratique du bouddhisme, tant est si bien qu'on assiste véritablement à un renouveau bouddhique, renouveau qui va s'exporter hors des frontières, notamment en Thaïlande, puis dans les autres pays d'Asie du Sud-est, et aujourd'hui en Occident.

Les grandes figures du renouveau bouddhique
Il est difficile de mesurer aujourd'hui quelle a été l'ampleur de cette renaissance bouddhique. Ce qui est certain, c'est qu'un certain nombre de leaders se sont imposés en créant des lignées de pratique et d'enseignements qu'on retrouve (pour la plupart) en Occident aujourd'hui. Ces grandes figures ont pour nom Mahasi Sayadaw et U Ba Khin en Birmanie, Ajahn Chah et Ajahn Buddhadasa en Thaïlande. Tous ont aujourd'hui quitté notre monde mais ils ont laissé des disciples qui continuent leur travail aussi bien en Asie du Sud et du Sud-Est qu'en Occident.



Sayagyi U Ba Khin et S.N. Goenka

Le plus connu de ces successeurs en Occident est certainement le maître indien S.N. Goenka, (photo ci contre), disciple direct de Sayagyi U Ba Khin (1899-1971). U Ba Khin était un haut fonctionnaire qui, à l'indépendance, fut nommé ministre des finances.

Il est connu pour avoir introduit la méditation vipassana au sein des services de son ministère ; il demandait à ses subordonnés de pratiquer une demi-heure avant de se mettre au travail. Ce qui semble presque banal aujourd'hui était révolutionnaire à l'époque ! Il faut en effet savoir que pendant près de 2500 ans la méditation était la prérogative des moines et elle n'était pratiquée que dans les monastères.
U Ba Khin eut plusieurs disciples occidentaux, mais c'est surtout son disciple indien, un industriel de Bombay, S.N. Goenka, qui fit beaucoup pour répandre le vipassana, d'abord en Inde, puis dans la majorité des pays occidentaux. Dans les années 70-80, un voyage en Asie devait presque obligatoirement inclure la participation à l'un de ces très fameux cours intensifs de 10 jours. Des dizaines de milliers d'Occidentaux ont participé à ces sessions. Aujourd'hui le mouvement revendique 108 centres de pratique à travers le monde et les cours de 10 jours sont enseignés dans une centaine de nations du monde. La France héberge un centre européen à Louesme, près d'Auxerre, qui affiche complet toute l'année.



Mahasi Sayadaw

La réputation de l'enseignement du moine Mahasi Sayadaw (1904-1982) a très vite franchi les frontières de la Birmanie pour se répandre en Thaïlande, et au Sri Lanka. Aujourd'hui son rayonnement a atteint l'Occident.

La tradition qu'il a fondée est surtout connue pour la précision de ses méthodes et la grande rigueur avec laquelle elles sont appliquées. Il avait une foi infaillible dans la technique, sa technique. Selon lui, quiconque la suivait ne pouvait manquer de parvenir rapidement à l'éveil.

Il ne faisait aucune différence entre moines et laïques, hommes ou femmes. Son centre de Rangoon accueille aujourd'hui encore des milliers de pratiquants venant de monde entier. La méthode Mahasi s'est rapidement exportée. Mais à la différence du courant Goenka / U Ba Khin, elle reste enracinée dans la voie monastique, tout en étant très largement ouverte à la pratique laïque.




l'Anagarika Munindra

Ses disciples asiatiques les plus connus sont l'Anagarika Munindra et Dipama en Inde, les moines U Pandita et U Janaka en Birmanie. Joseph Goldstein, fondateur de l'Insight Meditation Society dans le Massachusetts, en est le représentant américain le plus connu.

Vénérable U pandita



Lui-même a formé un nombre impressionnant d'enseignants qui conduisent des retraites vipassana dans la plupart des pays occidentaux, et jusqu'en Birmanie ! L'un de ces enseignants est Fred von Allmen, fondateur du rayonnant centre de méditation de Beatenberg, en Suisse.



Le Vénérable Ajahn Chah

Du côté de la Thaïlande, Ajahn Chah (1918-1982) est de loin la figure la plus charismatique du bouddhisme rénové.

Il fonda de nombreux monastères dans la forêt et insista sur l'importance pour les moines de garder des vœux monastiques purs.
Pour en savoir plus sur cette tradition.
Ajahn Chah opéra un retour au bouddhisme primitif en remettant à l'honneur la discipline monastique et une ascèse stricte. Il insistait sur la grande valeur de la vie communautaire pour parfaire la pratique des moines. Pour lui, il ne devait y avoir aucune séparation entre la pratique dans le temple et les activités de la vie quotidienne. Sa tradition est appelée la tradition des moines de la forêt. Il encourageait ses moines à se rendre seul dans les forêts infestées de serpents et de tigres pour y méditer au pied d'un arbre et surmonter ainsi la peur et l'attachement.
Ajahn Chah accueillait volontiers tous les Occidentaux qui acceptaient de se plier aux règles strictes qu'il avait établies. Mais il refusait tout accommodement et toute faveur à leur égard.




Ajahn Sumedho

Ajahn Sumedho est le premier Occidental à avoir occupé la charge d'abbé d'un monastère en Asie. En 1977 il accompagna Ajahn Chah en Angleterre et en 1979 il fut nommé Abbé du monastère de Chithurst, dans le Sussex.

Il dirige aujourd'hui une organisation monastique qui s'étend de l'Angleterre à l'Australie en passant par la Suisse, l'Italie et les Etats-Unis. Partout les laïcs sont bienvenus et peuvent participer toute l'année à des sessions vipassana conduites par les nombreux moines et nonnes qu'il a formé.



Jack Kornfield est le deuxième disciple occidental formé par Ajahn Chah qui a énormément contribué à répandre la vision du maître et la pratique vipassana en Occident. A l'inverse d'Ajahn Sumedho Jack est retourné à la vie laïque. Il a fondé et dirige aujourd'hui le très renommé centre vipassana de Spirit Rock en Californie. Ses écrits figurent parmi les best-sellers sur les listes des ventes d'ouvrages bouddhistes.




Ajahn Buddhadasa

Ajahn Buddhadasa (1906-1993)
jouit en Thaïlande d'une réputation qui égale certainement celle d'Ajahn Chah. Il est connu pour ses positions très tranchées concernant la doctrine originelle du Bouddha et la pureté de la pratique du Dharma.

Comme Ajahn Chah il prônait un retour aux sources et était très critique des institutions monastiques thaïlandaises de son temps. Il ne se privait pas de dénoncer le laxisme général dans lequel était tombé le bouddhisme de son pays.
C'était un auteur prolifique, un organisateur et un réformateur talentueux, presque un révolutionnaire. Son extraordinaire curiosité et sa soif de connaissances l'on poussé à lire les écrits des philosophes occidentaux et des grandes figures du christianisme. Son intérêt pour le zen et les autres traditions bouddhistes fait de lui un des précurseurs des temps modernes et un pionnier de l'étude comparative des religions. Il était très préoccupé par l'action de l'homme sur son environnement et les dégradations que le consumérisme moderne fait subir à la nature. Encore aujourd'hui il est cité comme l'un des initiateurs du bouddhisme engagé et du mouvement de protection de la nature.
Lui aussi accueillait volontiers les chercheurs occidentaux, mais il n'exigeait pas d'eux qu'ils rentrent dans le système monastique en vigueur dans son entourage.






Christopher Titmuss

Christopher Titmuss, co-fondateur du centre vipassana de Gaia House, en Angleterre, est l'un de ses disciples occidentaux qui ont le plus contribué à faire connaître la pensée de Buddhadasa.

Christopher est aujourd'hui très engagé dans le mouvement écologique et alternatif et continue à guider des retraites vipassana en Occident et en Inde. Il participe chaque année au Dharma Yatra organisé dans le sud de la France par le centre Dharma Network Tapovan.
Lire un article de Christopher
Vous pouvez le rencontrer chaque année en France en participant au fameux Dharma Yatra (randonnée - pèlerinage pour la paix) organisé chaque année au mois de juillet par Martin Aylward du centre vipassana de Tapovan, nouvellement installé en Dordogne.



Larry Rosenberg
Un autre disciple occidental d'Ajahn Buddhadasa est Larry Rosenberg, fondateur et directeur du centre vipassana de Cambridge, Massachussetts, et l'auteur de Vivre à la lumière de la mort.






Thich Nhat Hanh et le Village des Pruniers

Thich Nhat Hanh place vipassana au cœur de son enseignement.
Certains s'étonneront qu'on puisse inclure le moine zen vietnamien Thich Nhat Hanh parmi les grandes figures du vipassana. Voici un texte qu'il a écrit qui en dira plus que de longs discours :
Tout comme l'oiseau a deux ailes
La méditation a samatha et vipassana.
Comme deux ailes battent à l'unisson,
Samatha et vipassana vont ensemble.

Samatha c'est s'arrêter,
Reconnaître, se mettre en contact,
Se nourrir, guérir
S'apaiser et se concentrer.

Vipassana, c'est regarder profondément
Dans la nature des cinq skandhas
Afin de faire naître la vision profonde
Qui transforme toute souffrance.

La respiration et la marche attentive
Génèrent l'énergie de la Pleine Conscience
Qui nous permet de reconnaître les merveilles de la vie
Et nous met en contact avec elles.

Apportant la détente et le calme,
Cette énergie nourrit et guérit le corps et l'esprit,
Protège les six organes sensoriels,
Et maintient la concentration juste.

Le regard profond dans la réalité
Aide à voir la nature propre des choses,
Et à lâcher prise
De toute poursuite et de toute peur.

S'établir paisiblement dans le moment présent
Permet de transformer les énergies d'habitude,
De faire jaillir la vision profonde
Et de se libérer de toute affliction.

Très jeune, Thich Nhat Hanh éprouve le besoin de rénover le bouddhisme de son pays. Dans son enseignement, il n'hésite pas à sortir de la tradition zen de son monastère pour puiser dans le Theravada des éléments qui vont servir ses desseins réformateurs. C'est ainsi qu'il a remet à l'honneur la pratique du satipatthana d'où est issue la méditation Samatha / Vipassana. Thich Nhat Hanh est aujourd'hui la personnalité du bouddhisme bénéficiant de la plus grande notoriété dans le monde, après le Dalaï Lama. C'est pourquoi son choix de revenir à une pratique dé-ritualisée, accessible à tous, est d'une grande signification pour le bouddhisme moderne.




En conclusion
Je laisserai le soin de conclure cet exposé à Stephen Batchelor , un écrivain et un enseignant qui conduit régulièrement des sessions vipassana à Paris, avec sa femme Martine. Le texte qui suit est la transcription d'une causerie donnée dans le cadre d'une des ces sessions.

"Vipassana est un terme qu'on utilise aujourd'hui de façon beaucoup plus large que dans sa définition originelle. Je trouve personnellement que ce mouvement me convient bien, car il donne une certaine liberté. Son manque d'orthodoxie, son absence de dogmatisme sont pour moi très rafraîchissants. Cela donne une certaine ouverture aux possibilités d'ancrer la pratique personnelle dans une façon de penser libérale, ouverte à toutes les traditions religieuses et culturelles du monde, et pas seulement au bouddhisme. Mais c'est très difficile de savoir comment ce mouvement va évoluer. Personne ne le sait. C'est une pratique qui se déroule dans une ambiance assez expérimentale, et ça aussi est assez engageant, stimulant, excitant, L'accent est toujours mis sur la qualité de chaque moment de l'expérience, on revient toujours à ça, à ce qu'on expérimente dans l'ici et maintenant."

Daniel Milles est le Président de l'Association Terre d'Eveil :
Source : Site de l'Association Terre d'Eveil


Le mouvement vipassana : communauté et perspective - par Gil Fronsdal: Lire l'article ICI

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