mardi 17 juillet 2007

Quelques "sutta"



photo du site Fleurduzen

Ces 3 suttas sont déjà sur mon blog, mais dans des messages différents :

1) Le Satipatthana sutta ICI

2) VELUDVAREYYA-SUTTA: Conseils aux laïcs est PAR ICI

et

3) Metta sutta est LA



Vous trouverez ci après :
  • Les quatre Nobles Vérités
  • Le Principe de non violence
  • L'utilité de L'Attention
  • La doctrine de non-Soi
  • La coproduction conditionnée
  • Le discours sur les cinq façons de mettre fin à la colère
  • Les quatre racines de la Loi
  • La Vacuité
  • L’Attention à la respiration
  • Le discours sur le Bonheur



Les quatre Nobles Vérités ou le sermon de Bénares : DHAMMA-CAKKAPPAVATTANA-SUTTA
(11.1) Ainsi ai-je entendu: Une fois, le Bienheureux séjournait au parc aux Daims, à Isipatana, près de Bénarès. Il s'adressa aux cinq moines et dit:
(11.2) O moines, il existe deux extrêmes qui doivent être évités par un religieux. Quels sont ces deux extrêmes? S'adonner aux plaisirs des sens, ce qui est inférieur, vulgaire, mondain, ignoble et engendre de mauvaises conséquences, et s'adonner aux mortifications, ce qui est pénible, ignoble et engendre de mauvaises conséquences. Sans aller à ces deux extrêmes, ô moines, le Tathagata a découvert la Voie du Milieu qui prodigue la vision, qui donne la connaissance, qui conduit à la quiétude, à la sagesse, à l'éveil et à l'émancipation.
(11.3) Et quelle est, ô moines, cette Voie du Milieu que le Tathagata a découverte et qui prodigue la vision, qui donne la connaissance, qui conduit à la quiétude, à la sagesse, à l'éveil et à l'émancipation ? Ce n'est que le Noble Sentier Octuple, à savoir: la vue juste, la pensée juste, la parole juste, l'action juste, le moyen d'existence juste, l'effort juste, l'attention juste, la concentration juste.
(11.4) Cela est, ô moines, la Voie du Milieu que le Tathagata a découverte, qui prodigue la vision, qui donne la connaissance, qui conduit à la quiétude, à la sagesse, à l'éveil et à l'émancipation.
(11.5) Voici ô moines, la Vérité Noble dite dukkha: La naissance est dukkha, la vieillesse est aussi dukkha, la maladie est aussi dukkha, la mort est aussi dukkha, être uni à ce que l'on n'aime pas est dukkha, être séparé de ce que l'on aime est dukkha, ne pas obtenir ce que l'on désire est aussi dukkha. En résumé, les cinq agrégats d'attachement sont dukkha.
(11.6) Voici, ô moines, la Vérité Noble dite la cause du dukkha: C'est cette "soif" qui produit la ré-existence et le re-devenir, qui est liée à une avidité passionnée et qui trouve une nouvelle jouissance tantôt ici, tantôt là, c'est-à-dire la soif des plaisirs des sens, la soif de l'existence et du devenir et la soif de la nonexistence.
(11.7) Voici, ô moines, la Vérité Noble dite la cessation du dukkha: C'est la cessation complète de cette " soif", la délaisser, y renoncer, s'en libérer, s'en débarrasser.
(11.8) Voici, ô moines, la Vérité Noble dite le sentier conduisant à la cessation du dukkha: C'est le Noble Sentier Octuple, à savoir: la vue juste, la pensée juste, la parole juste, l'action juste, le moyen d'existence juste, l'effort juste, l'attention juste et la concentration juste.
(11.9) O moines, c'est avec la compréhension: "Ceci est la Vérité Noble dite dukkha" que, dans les choses qui n'avaient pas été entendues auparavant, s'est élevée en moi la vision, s'est élevée en moi la connaissance, s'est élevée en moi la sagesse, s'est élevée en moi la science, s'est élevée en moi la lumière.
(11.10) O moines, c'est avec la compréhension: "Cette vérité Noble dite dukkha doit être comprise " que, dans les choses qui n'avaient pas été entendues auparavant, s'est élevée en moi la vision, s'est élevée en moi la connaissance (...)
(11.11) O moines, c'est avec la compréhension: "Cette Vérité Noble dite dukkha a été comprise" que, dans les choses qui n'avaient pas été entendues auparavant, s'est élevée en moi la vision, s'est élevée en moi la connaissance (...)
(11.12) O moines, c'est avec la compréhension: "Ceci est la Vérité Noble dite la cause du dukkha que, dans les choses qui n'avaient pas été entendues auparavant, s'est élevée en moi la vision, s'est élevée en moi la connaissance (...)
(11.13) O moines, c'est avec la compréhension: "Cette Vérité Noble dite la cause du dukkha doit être détruite" que, dans les choses qui n'avaient pas été entendues auparavant, s'est élevée en moi la vision, s'est élevée en moi la connaissance (...)
(11.14) O moines, c'est avec la compréhension: "Cette Vérité Noble dite la cause du dukkha a été détruite " que, dans les choses qui n'avaient pas été entendues auparavant, s'est élevée en moi la vision, s'est élevée en moi la connaissance (...)
(11.15) O moines, c'est avec la compréhension: "Ceci est la Vérité Noble dite la cessation du dukkha" que, dans les choses qui n'avaient pas été entendues auparavant, s'est élevée en moi la vision, s'est élevée en moi la connaissance (...)
(11.16) O moines, c'est avec la compréhension: "Cette Vérité Noble dite la cessation du dukkha doit être atteinte" que, dans les choses qui n'avaient pas été entendues auparavant, s'est élevée en moi la vision, s'est élevée en moi la connaissance (...)
(11.17) O moines, c'est avec la compréhension: "Cette Vérité Noble dite la cessation du dukkha a été atteinte" que, dans les choses qui n'avaient pas été entendues auparavant, s'est élevée en moi la vision, s'est élevée en moi la connaissance (...)
(11.18) O moines, c'est avec la compréhension que: "Ceci est la Vérité Noble dite le chemin conduisant à la cessation du dukkha" que, dans les choses qui n'avaient pas été entendues auparavant, s'est élevée en moi la vision, s'est élevée en moi la connaissance (...)
(11.19) O moines, c'est avec la compréhension: "Cette Vérité Noble dite le chemin conduisant à la cessation du dukkha doit être pratiquée que, dans les choses qui n'avaient pas été entendues auparavant, s'est élevée en moi la vision, s'est élevée en moi la connaissance (...)
(11.20) O moines, c'est avec la compréhension: " Cette Vérité Noble dite le chemin conduisant à la cessation du dukkha a été pratiquée " que, dans les choses qui n'avaient pas été entendues auparavant, s'est élevée en moi la vision, s'est élevée en moi la connaissance, s'est élevée en moi la sagesse, s'est élevée en moi la science, s'est élevée en moi la lumière.
(11.21) O moines, tant que cette vision et connaissance réelle des quatre Vérités Nobles sous leurs trois aspects et dans leurs douze modalités n'était pas absolument claire en moi, aussi longtemps je n'ai pas proclamé à ce monde avec ses dieux, avec ses Mara(s) et ses Brahma(s), ses troupes de religieux et de prêtres, ses êtres divins et humains, que j'avais atteint l'incomparable et suprême connaissance.
(11.22) Cependant, ô moines, lorsque cette vision et connaissance réelle des quatre Vérités Nobles sous leurs trois aspects et dans leurs douze modalités me devint parfaitement claire, alors seulement j'ai proclamé à ce monde avec ses dieux, avec ses Mara(s) et ses Brahma(s), ses troupes de religieux et de prêtres, ses êtres divins et humains, que j'avais atteint l'incomparable et suprême connaissance.
(11.23) Et la connaissance profonde s'est élevée en moi: "Inébranlable est la libération de ma pensée, cela est ma dernière naissance, il n'y aura plus d'autre existence."
(11.24) Ainsi parla le Bienheureux. Les cinq moines, contents se réjouirent des paroles du Bienheureux.






Le Principe de non violence : Aggi Sutta
(2.1) Une fois, le Bienheureux séjournait au monastère fondé par Anathapindika, dans le parc Jeta, près de la ville de Savatthi. En ce temps-là, un grand sacrifice avait été organisé par le brahmane Uggatasarira. Les animaux: cinq cents taureaux, cinq cents jeunes boeufs, cinq cents génisses, cinq cents chèvres, cinq cents béliers, avaient été amenés au poteau sacrificiel afin d'être immolés.
(2.2) Alors, le brahmane Uggatasarira rendit visite au Bienheureux. S'étant approché du Bienheureux, il échangea avec lui des compliments de politesse et des paroles de courtoisie, puis s'assit à l'écart sur un côté.
(2.3) Le brahmane Uggatasarira dit au Bienheureux: "O vénérable Gotama, j'ai entendu dire que le fait d'allumer un feu de sacrifice et le fait d'ériger un poteau sacrificiel étaient des choses avantageuses et très fructueuses."
(2.4) Le Bienheureux dit: "Moi aussi, ô brahmane, j'ai entendu dire que le fait d'allumer un feu de sacrifice et le fait d'ériger un poteau sacrificiel étaient des choses avantageuses et très fructueuses."
(2.5) Le brahmane Uggatasarira dit pour la deuxième fois: "O vénérable Gotama, j'ai entendu dire que le fait d'allumer un feu de sacrifice et le fait d'ériger un poteau sacrificiel étaient des choses avantageuses et très fructueuses."
(2.6) Le Bienheureux dit: "Moi aussi, ô brahmane, j'ai entendu dire que le fait d'allumer un feu de sacrifice et le fait d'ériger un poteau sacrificiel étaient des choses avantageuses et très fructueuses."
(2.7) Pour la troisième fois, le brahmane Uggatasarira dit: "O vénérable Gotama, j'ai entendu dire que le fait d'allumer un feu de sacrifice et le fait d'ériger un poteau sacrificiel étaient des choses avantageuses et très fructueuses."
(2.8) Le Bienheureux aussi répéta alors: "Moi aussi, ô brahmane, j'ai entendu dire que le fait d'allumer un feu de sacrifice et le fait d'ériger un poteau sacrificiel étaient des choses avantageuses et très fructueuses."
(2.9) Enfin, le brahmane dit: "Dans ce cas, nous avons donc le même point de vue! Mon opinion et celle du vénérable Gotama sont tout à fait semblables sur ce point!" Pendant cette discussion, l'Ayasmanta Ananda était là en écoutant.
(2.10) Lorsque le brahmane Uggatasarira eut ainsi parlé, l'Ayasmanta Ananda dit: O brahmane, le Tathagata ne doit pas être interrogé ainsi, en disant: "O vénérable Gotama, j'ai entendu dire que le fait d'allumer un feu de sacrifice et le fait d'ériger un poteau sacrificiel étaient des choses avantageuses et très fructueuses", mais vous devez formuler votre question ainsi: "O vénérable, je me prépare à allumer un feu de sacrifice et à ériger un poteau sacrificiel. Que le Bienheureux me conseille! Que le Bienheureux m'instruise pour que ses conseils m'amènent le bonheur et le bien-être pour longtemps!"
(2.11) Le brahmane Uggatasarira alors s'adressa au Bienheureux: "O Vénérable, je me prépare à allumer un feu de sacrifice et à ériger un poteau sacrificiel. Que le Bienheureux me donne des conseils ! Que le Bienheureux m'instruise pour que ses conseils m'amènent le bonheur et le bien-être pour longtemps!"
(2.12) Le Bienheureux dit: O brahmane, même avant que le sacrifice ne commence, celui qui prépare le feu de sacrifice et qui érige le poteau sacrificiel dresse trois épées malfaisantes, mauvaises dans leur efficacité, mauvaises dans leur fruit. Quelles sont ces trois épées? L'épée des actions corporelles, l'épée des actions verbales et l'épée des actions mentales.
(2.13) O brahmane, même avant que le sacrifice ne commence, celui qui prépare le feu du sacrifice et qui érige le poteau sacrificiel fait naître les pensées suivantes: "Que pour ce sacrifice soient massacrés tant de taureaux, tant de jeunes boeufs, tant de génisses, tant de chèvres, tant de béliers."
(2.14) De cette façon, il fait des démérites, mais en pensant acquérir des mérites. Il fait une chose mauvaise, mais en pensant faire une bonne chose. Il prépare la voie conduisant à une destination malheureuse, mais en pensant préparer la voie conduisant à une destination heureuse.
(2.15) Ainsi, ô brahmane, même avant que le sacrifice ne commence, celui qui prépare le feu du sacrifice et qui érige le poteau sacrificiel dresse en premier lieu cette épée des actions mentales, qui est malfaisante, mauvaise dans son efficacité, mauvaise dans son fruit.
(2.16) Et encore, ô brahmane, même avant que le sacrifice ne commence, celui qui prépare le feu du sacrifice et qui érige le poteau sacrificiel déclare: "Que pour ce sacrifice soient massacrés tant de taureaux, tant de jeunes boeufs, tant de génisses, tant de chèvres, tant de béliers."
(2.17) De cette façon, il fait des démérites, mais en pensant acquérir des mérites. Il fait une chose mauvaise, mais en pensant faire une chose bonne. Il prépare la voie conduisant à une destination malheureuse, mais en pensant préparer la voie conduisant à une destination heureuse.
(2.18) Ainsi, ô brahmane, même avant que le sacrifice ne commence, celui qui prépare le feu du sacrifice et qui érige le poteau sacrificiel dresse en second lieu cette épée des actions verbales, qui est malfaisante, mauvaise dans son efficacité mauvaise dans son fruit.
(2.19) Et encore, ô brahmane, même avant que le sacrifice ne commence, celui qui prépare le feu du sacrifice et qui érige le poteau sacrificiel met en marche lui-même toute l'affaire, en disant: "Que l'on abatte les taureaux, pour sacrifier! Que l'on abatte les jeunes boeufs pour sacrifier ! Que l'on abatte les génisses pour sacrifier! Que l'on abatte les béliers pour sacrifier!"
(2.20) De cette façon, il fait des démérites, mais en pensant acquérir des mérites. Il fait une chose mauvaise, mais en pensant faire une chose bonne. Il prépare la voie conduisant à une destination malheureuse, mais en pensant préparer la voie conduisant à une destination heureuse.
(2.21) Ainsi, ô brahmane, même avant que le sacrifice ne commence, celui qui prépare le feu du sacrifice et qui érige le poteau sacrificiel dresse en troisième lieu cette épée des actions corporelles qui est malfaisante, mauvaise dans son efficacité, mauvaise dans son fruit.
(2.22) De cette façon, ô brahmane, même avant que le sacrifice ne commence, celui qui prépare le feu du sacrifice, et qui érige le poteau sacrificiel dresse ces trois épées malfaisantes, qui sont mauvaises dans leur efficacité, qui sont mauvaises dans leur fruit.
(2.23) Il y a, ô brahmane, trois sortes de feu qu'il faut abandonner, qu'il faut éloigner, qu'il faut éviter. Quels sont ces trois feux? Ce sont le feu de l'avidité, le feu de la haine et le feu de l'illusion.
(2.24) Pourquoi, ô brahmane, le feu de l'avidité faut-il l'abandonner, l'éloigner, l'éviter? Avec une pensée obsédée par l'avidité, dominée par l'avidité, impressionnée par l'avidité, on s'engage dans un cours mauvais en action corporelle, mauvais en action verbale et mauvais en action mentale. Alors, après la dissolution du corps, après la mort, on renaîtra dans les enfers, dans les destinations malheureuses, dans le malheur, dans l'enfer.
(2.25) Pourquoi, ô brahmane, le feu de la haine faut-il l'abandonner, l'éloigner, l'éviter? Avec une pensée obsédée par la haine, dominée par la haine, impressionnée par la haine, on s'engage dans un cours mauvais en action corporelle, mauvais en action verbale et mauvais en action mentale. Alors, après la dissolution du corps, après la mort, on renaîtra dans les enfers, dans les destinations malheureuses, dans le malheur, dans l'enfer.
(2.26) Pourquoi, ô brahmane, le feu de l'illusion faut-il l'abandonner, l'éloigner, l'éviter? Avec une pensée obsédée par l'illusion, dominée par l'illusion, impressionnée par l'illusion, on s'engage dans un cours mauvais en action corporelle, mauvais en action verbale et mauvais en action mentale. Alors, après la dissolution du corps, après la mort, on renaîtra dans les enfers, dans les destinations malheureuses, dans le malheur, dans l'enfer.
(2.27) En effet, ô brahmane, ces trois sortes de feux doivent être abandonnés, doivent être éloignés, doivent être évités.
(2.28) (Cependant) il y a, ô brahmane, trois sortes de feux qui amènent le bonheur lorsqu'on les respecte, vénère et révère. Quels sont ces trois feux? Le feu des êtres dignes de respect, le feu des chefs de famille et le feu des êtres dignes de dons.
(2.29) Quel est le feu des êtres dignes de respect? Considère, ô brahmane, quelqu'un qui honore sa mère et son père. La mère et le père sont appelés "le feu des êtres dignes de respect". Pourquoi? Parce que ce feu s'est produit. Pour cette raison, ô brahmane, le feu des êtres dignes de respect, s'il est respecté, vénéré et révéré, ne manque pas d'amener le bonheur.
(2.30) Quel est le feu des chefs de famille ? Considère, ô brahmane, quelqu'un qui traite correctement ses enfants et sa femme, ses esclaves, ses serviteurs, ses travailleurs. Ces êtres (appartenant au chef de famille) sont appelés "le feu des chefs de famille". Pour cette raison, ô brahmane, le feu des chefs de famille, s'il est respecté, vénéré et révéré, ne manque pas d'amener le bonheur.
(2.31) Quel est le feu des êtres dignes de dons ? Considère, ô brahmane, les religieux et les prêtres, qui s'abstiennent de la vaine gloire, de l'orgueil et de l'indolence, qui supportent tout avec patience et sérénité, tantôt essayant de se dompter eux-mêmes, tantôt se dirigeant vers l'obtention de l'émancipation. Ces êtres sont appelés "le feu des êtres dignes de dons". Pour cette raison, ô brahmane, le feu des êtres dignes de dons, s'il est respecté, vénéré et révéré, ne manque pas d'amener le bonheur.
(2.32) En effet, ô brahmane, ces trois sortes de feux, s'ils sont respectés, vénérés et révérés, ne manquent pas d'amener le bonheur.
(2.33) Concernant le feu de bois, ô brahmane, il faut l'allumer de temps en temps, il doit être maintenu de temps en temps, il doit être éteint de temps en temps, il doit être abandonné de temps en temps."
(2.34) Cela dit, le brahmane Uggatasarira dit au Bienheureux: Merveilleux, ô vénérable Gotama! Merveilleux, ô vénérable Gotama ! Que le vénérable Gotama veuille bien m'accepter comme un disciple laïc qui, de ce jour jusqu'à la fin de sa vie, le prenne comme refuge.
(2.35) Je laisse, ô vénérable Gotama, en liberté ces cinq cents taureaux, je leur donne la vie. Je laisse en liberté ces cinq cents jeunes boeufs, je leur donne la vie.
(2.36) Je laisse en liberté ces cinq cents génisses. Je leur donne la vie. Je laisse en liberté ces cinq cents béliers, je leur donne la vie.
(2.37) Que ces animaux mangent de l'herbe comme ils veulent. Qu'ils boivent l'eau fraîche comme ils veulent. Que la douceur du vent souffle sur leur corps.



L'utilité de L'Attention : AMBALATTHIKARAHULOVADA-SUTTA
(10.1) Ainsi ai-je entendu: En ce temps-là, le Bienheureux résidait à l'endroit appelé Kalandakanivapa, dans le bois de bambous, près de la ville de Rajagaha. L'Ayasmanta Rahula séjournait alors à Ambalatthika. Un après-midi, le Bienheureux, s'étant levé de son repos solitaire, se rendit à Ambalatthika pour voir l'Ayasmanta Rahula.
(10.2) L'Ayasmanta Rahula, apercevant de loin le Bienheureux qui s'approchait, lui prépara une place pour s'asseoir et de l'eau pour se laver les pieds. A son arrivée, le Bienheureux s'assit sur le siège préparé à son intention et se lava les pieds. L'Ayasmanta Rahula rendit hommage au Bienheureux et s'assit à l'écart sur un côté.
(10.3) En laissant une petite quantité d'eau dans l'écuelle, le Bienheureux s'adressa à l'Ayasmanta Rahula: "O Rahula, voyez-vous cette petite quantité d'eau qui reste dans l'écuelle?". "Oui, Bienheureux", répondit l'Ayasmanta Rahula. "De même, ô Rahula, il n'y a que très peu de qualité religieuse chez les religieux qui n'ont pas de honte à dire des mensonges délibérés."
(10.4) Puis, le Bienheureux jeta la petite quantité d'eau et s'adressa à nouveau à l'Ayasmanta Rahula: "Voyez-vous maintenant, ô Rahula, la petite quantité d'eau qui a été jetée ?" "Oui, Bienheureux." "De même, ô Rahula, la qualité religieuse des religieux qui n'ont pas de honte à dire des mensonges délibérés est abandonnée."
(10.5) Ensuite, ayant renversé l'écuelle d'eau, le Bienheureux , s'adressa à nouveau à l'Ayasmanta Rahula: "Voyez-vous maintenants ô Rahula, cette écuelle d'eau qui est renversée?" "Oui Bienheureux." "De même, ô Rahula, la qualité religieuse des religieux qui n'ont pas de honte à dire des mensonges délibérés est renversée"
(10.6) Finalement, le Bienheureux retourna l'écuelle et s'adressa à nouveau à l'Ayasmanta Rahula: "Voyez-vous maintenant, ô Rahula, cette écuelle vide?" "Oui, Bienheureux." De même, ô Rahula, la vie religieuse des religieux qui n'ont pas de honte à dire des mensonges délibérés est vide et néant.
(10.7) Supposons que l'éléphant du roi, aux défenses longues comme un bras de charrue dans la plénitude de sa maturité, bien nourri, soit digne d'être amené sur le champ de bataille et supposons qu'à la lutte il exécute des hauts faits, avec ses quatre pieds avec ses postérieurs, avec son avant-train, avec son arrière-train et aussi avec sa tête, ses oreilles, sa queue, ses défenses, tandis qu'il protège seulement sa trompe. Le cornac pense alors que malgré sa vaillance et les hauts faits variés qu'il exécute, la vie de l'elephant royal n'est pas en danger, car il protège toujours sa trompe.
(10.8) Cependant, ô Rahula, supposons que l'éléphant royal allant à la bataille, exécutant de hauts faits avec les différentes parties de son corps, ait aussi accompli de hauts faits avec sa trompe. Alors le cornac pense que la vie de l'éléphant royal est vraiment en danger. Car, désormais, il n'y a plus rien chez l'éléphant royal qui ne soit en péril.
(10.9) De même, ô Rahula, je dis que chez quelqu'un qui n'a pas de honte à dire des mensonges délibérés, il n'y a plus aucun mal qu'il ne soit capable de faire (pour soi-même et pour les autres). C'est pour cela, ô Rahula que vous devez vous discipliner ainsi: "Même pour m'amuser je ne dirai pas de mensonge."
(10.10) Puis le Bienheureux interrogea l'Ayasmanta Rahula: "Qu'en pensez-vous, ô Rahula? Quelle est l'utilité d'un miroir?" L'Ayasmanta Rahula répondit: "Le miroir sert à réfléchir, ô Bienheureux." De même, ô Rahula, c'est après réflexion que les actions corporelles doivent être accomplies; c'est après réflexion que les actions verbales doivent être accomplies; c'est après réflexion que les actions mentales doivent être accomplies.
(10.11) Quelle que soit l'action que vous voulez faire avec votre corps, ô Rahula, vous devez réfléchir: Cette action corporelle que je veux accomplir avec mon corps contribuera-t-elle à mon propre mal, ou au mal des autres, ou bien au mal des deux parties (pour moi-même et pour les autres)? Cette action corporelle dès lors maladroite amène-t-elle la souffrance et produit-elle le mal ?
(10.12) Si, lorsque vous réfléchissez ainsi, vous concluez: Oui, l'action corporelle que j'ai envie de faire contribuerait à mon propre mal, ou au mal des autres, ou bien au mal des deux parties; ou cette action corporelle maladroite amènerait la souffrance et elle produirait le mal", alors une telle action, ô Rahula, ne doit pas être accomplie.
(10.13) Par contre, ô Rahula, si, lorsque vous réfléchissez, vous concluez: "Cette action corporelle que j'ai envie de faire ne contribuerait ni à mon propre mal, ni à celui des autres, ni à celui des deux parties; en fait, c'est une action juste, elle amène le bonheur et elle produit le bonheur ", alors, ô Rahula, vous devez accomplir une telle action corporelle.
(10.14) Lorsque vous êtes en train de faire une action corporelle, ô Rahula, à propos de cette action, vous devez réfléchir: "Maintenant, cette action que je suis en train de faire avec mon corps contribuerait-elle à mon propre mal, ou au mal des autres, ou bien au mal des deux parties? Cette action est-elle maladroite, amène-t-elle la souffrance et produit-elle le mal?"
(10.15) Si, lorsque vous réfléchissez ainsi, vous concluez: "Oui, cette action que je suis en train de faire avec mon corps contribuerait à mon propre mal, ou au mal des autres, ou bien au mal des deux parties; en conséquence, cette action corporelle qui est maladroite amène la souffrance et elle produit le mal ", alors une telle action corporelle, ô Rahula, ne doit pas être accomplie.
(10.16) Par contre, ô Rahula, si, lorsque vous réfléchissez, vous concluez: "Cette action corporelle que je suis en train de faire ne contribuerait ni à mon propre mal, ni à celui des autres, ni à celui des deux parties, en fait, c'est une action juste, elle amène le bonheur et elle produit le bonheur", alors, ô Rahula, vous devez accomplir une telle action encore et encore.
(10.17) Lorsque vous avez fait une action corporelle, ô Rahula, à propos de cette action vous devez réfléchir: "Cette action que j'ai faite avec mon corps, a-t-elle contribué à mon propre mal, ou au mal des autres, ou bien au mal des deux parties? Cette action corporelle, a-t-elle été maladroite, a-t-elle amené la souffrance et a-t-elle produit le mal ?"
(10.18) Lorsque vous réfléchissez si vous concluez: "Oui, cette action corporelle que j'ai faite a contribué à mon propre mal, ou au mal des autres, ou bien au mal des deux parties et, en fait, cette action maladroite a amené la souffrance et a produit le mal ", alors, ô Rahula, une telle action corporelle accomplie par vous doit être confessée, doit être révélée. Vous devez la faire savoir au Maître, ou au sage ou aux confrères.
(10.19) Ayant confessé, révélé et fait savoir cette action, vous devez vous contraindre à ne plus l'accomplir dans le futur.
(10.20) Par contre, ô Rahula, si, lorsque vous réfléchissez, vous concluez: "Cette action corporelle que j'ai faite n'a pas contribué à mon propre mal, ni au mal des autres, ni au mal des deux parties et, en fait, cette action corporelle était juste, elle a amené le bonheur et elle a produit le bonheur", à cause de cette véritable raison, ô Rahula, vous demeurez dans la joie, dans la sérénité et dans le bonheur, jour et nuit, vous entraînant vous-même dans les états méritoires.
(10.21) Lorsqu'il y a une action que vous voulez faire avec votre parole, à propos de cette action verbale, vous devez réfléchir: "Cette action que je veux faire avec ma parole contribuera t-elle à mon propre mal, ou au mal des autres, ou bien au mal des deux parties? Cette action de parole est-elle maladroite, amène-t-elle la souffrance et produit-elle le mal?"
(10.22) Si, lorsque vous réfléchissez ainsi, vous concluez: "Oui, l'action verbale que j'ai envie de faire contribuerait à mon propre mal, ou au mal des autres, ou bien au mal des deux parties et, en fait, cette action verbale maladroite amènerait la souffrance et elle produirait le mal ", alors, une telle action verbale, ô Rahula, ne doit pas être accomplie.
(10.23) Ensuite, le Bienheureux explique à l'Ayasmanta Rahula, de la même façon, comment il doit réfléchir avant, pendant et après telle ou telle action de la parole.
(10.24) Lorsqu'il y a une action que vous voulez faire avec votre pensée, à propos de cette action mentale, vous devez réfléchir: "Cette action que je veux faire avec ma pensée contribuerat-elle à mon propre mal, ou au mal des autres, ou bien au mal des deux parties ? Cette action mentale est-elle maladroite, amène-t-elle la souffrance et produit-elle le mal?"
(10.25) Si, lorsque vous réfléchissez ainsi, vous concluez: "Oui, l'action mentale que j'ai envie de faire contribuerait à mon propre mal, ou au mal des autres, ou bien au mal des deux parties et, en fait, cette action mentale maladroite amènerait la souffrance et elle produirait le mal ", alors, une telle action mentale, ô Rahula, ne doit pas être accomplie.
(10.26) Ensuite, le Bienheureux explique à l'Ayasmanta Rahula, de la même façon, comment il doit réfléchir avant, pendant et après telle ou telle action de la pensée.
(10.27) (...) Lorsque vous réfléchissez, ô Rahula, si vous concluez: "Oui, cette action que j'ai faite avec ma pensée a contribué a mon propre mal, ou au mal des autres, ou bien au mal des deux parties et, en fait, cette action maladroite a amené la souffrance et a produit le mal ", alors, ô Rahula, de telles actions mentales doivent être détestées, abandonnées et, ainsi, en détestant, abandonnant, méprisant de telles actions mentales, vous devez vous restreindre à ne plus les accomplir dans le futur.
(10.28) Par contre, ô Rahula, si, lorsque vous réfléchissez, vous concluez: "Cette action mentale que j'ai faite n'a pas contribué à mon propre mal, ni au mal des autres, ni au mal des deux parties et, en fait, cette action mentale est juste, elle amène le bonheur et elle produit le bonheur", à cause de cette véritable raison, ô Rahula, vous demeurez dans la joie, dans la sérénité et dans le bonheur, jour et nuit, vous entraînant vous-même dans les états méritoires.
(10.29) Dans le passé le plus lointain, ô Rahula, tous les religieux ou prêtres qui ont purifié leurs actions du corps, de la parole et de la pensée, tous l'ont fait de la même manière, c'est-à-dire par une réflexion constante.
(10.30) Dans le futur le plus éloigné, ô Rahula, tous les religieux ou prêtres qui purifieront leurs actions du corps, de la parole et de la pensée, eux tous aussi le feront de la même manière, c'est-à-dire par une réflexion constante.
(10.31) Dans le présent également, ô Rahula, tous les religieux ou prêtres qui purifient leurs actions du corps, de la parole et de la pensée, eux tous aussi le font exactement de la même manière, c'est-à-dire par une réflexion constante.
(10.32) C'est parce que vous, ô Rahula, vous devez vous entraîner ainsi: "Par la réflexion constante, nous purifierons nos actions corporelles. Par la réflexion constante, nous purifierons nos actions de la parole. Par la réflexion constante, nous purifierons nos actions de la pensée." Ainsi parla le Bienheureux. L'Ayasmanta Rahula ravi se réjouit des paroles du Bienheureux.





La doctrine de non-Soi : ANATTALAKKHANA-SUTTA
(13.1) Une fois, le Bienheureux séjournait au parc aux Daims, à Isipatana, près de Bénarès (...) Le Bienheureux s'adressa aux cinq moines et dit:
(13.2) La forme, ô moines, n'est pas le Soi. Si la forme était le Soi, ô moines, la forme ne serait pas sujette aux maladies et l'on aurait la possibilité de dire à propos du corps: "Que mon corps devienne ou ne devienne pas tel pour moi."
(13.3) Cependant, puisque le corps n'est pas le Soi, le corps est sujet aux maladies et l'on n'a pas la possibilité de dire à propos du corps: "Que mon corps devienne ou ne devienne pas tel pour moi."
(13.4) La sensation, ô moines, n'est pas le Soi. Si la sensation était le Soi, ô moines, la sensation ne serait pas sujette aux maladies et l'on aurait la possibilité de dire à propos de la sensation: "Que ma sensation devienne ou ne devienne pas telle pour moi."
(13.5) Cependant, puisque la sensation n'est pas le Soi, la sensation est sujette aux maladies et l'on n'a pas la possibilité de dire à propos de la sensation: "Que ma sensation devienne ou ne devienne pas telle pour moi."
(13.6) La perception, ô moines, n'est pas le Soi. Si la perception était le Soi, ô moines, la perception ne serait pas sujette aux maladies et l'on aurait la possibilité de dire à propos de la perception: "Que ma perception devienne ou ne devienne pas telle pour moi."
(13.7) Cependant, puisque la perception n'est pas le Soi, la perception est sujette aux maladies et l'on n'a pas la possibilité de dire à propos de la perception: "Que ma perception devienne ou ne devienne pas telle pour moi."
(13.8) La tendance habituelle, ô moines, n'est pas le Soi. Si la tendance habituelle était le Soi, ô moines, la tendance habituelle ne serait pas sujette aux maladies et l'on aurait la possibilité de dire à propos de la tendance habituelle: "Que ma tendance habituelle devienne ou ne devienne pas telle pour moi."
(13.9) Cependant, puisque la tendance habituelle n'est pas le Soi, la tendance habituelle est sujette aux maladies et l'on n'a pas la possibilité de dire à propos de la tendance: "Que ma tendance habituelle devienne ou ne devienne pas telle pour moi"
(13.10) La conscience, ô moines, n'est pas le Soi. Si la conscience était le Soi, ô moines, la conscience ne serait pas sujette aux maladies et l'on aurait la possibilité de dire à propos de la conscience: "Que ma conscience devienne ou ne devienne pas telle pour moi."
(13.11) Cependant, puisque la conscience n'est pas le Soi, la conscience est sujette aux maladies, et l'on n'a pas la possibilité de dire à propos de la conscience: "Que ma conscience devienne ou ne devienne pas telle pour moi."
(13.12) Qu'en pensez-vous, ô moines ? La forme est-elle permanente ou impermanente ? - La forme est impermanente, ô Bienheureux. - Si une chose est impermanente, est-elle dans le malheur ou dans le bonheur? - Dans le malheur, ô Bienheureux. - Alors, donc, de ce qui est impermanent, qui est malheur, sujet au changement, peut-on, quand on le considère, dire: "Cela est mien, je suis cela, cela est mon Soi ? " - Certainement non, ô Bienheureux.
(13.13) - Qu'en pensez-vous, ô moines ? La sensation est-elle permanente ou impermanente? - La sensation est impermanente, ô Bienheureux. -Si une chose est impermanente, est-elle dans le malheur ou dans le bonheur ? - Dans le malheur, ô Bienheureux. -Alors donc, de ce qui est impermanent, qui est malheur, sujet au changement, peut-on, quand on le considère, dire: "Cela est mien, je suis cela, cela est mon Soi?" - Certainement non, ô Bienheureux.
(13.14) -Qu'en pensez-vous, ô moines? La perception est-elle permanente ou impermanente? - La perception est impermanente, ô Bienheureux -Si une chose est impermanente, est-elle dans le malheur ou dans le bonheur? - Dans le malheur, ô Bienheureux -Alors donc, de ce qui est impermanent, qui est malheur, sujet au changement, peut-on, quand on le considère, dire " Cela est mien, je suis cela, cela est mon Soi" - Certainement, non, ô Bienheureux.
(13.15) -Qu'en pensez-vous, ô moines? La tendance habituelle est-elle permanente ou impermanente? - La tendance habituelle est impermanente, ô Bienheureux. -Si une chose est impermanente, est-elle dans le malheur ou dans le bonheur? - Dans le malheur, ô Bienheureux. -Alors donc, de ce qui est impermanent, qui est malheur, sujet au changement, peut-on, quand on le considère, dire: "Cela est mien, je suis cela, cela est mon Soi? " - Certainement non, ô Bienheureux.
(13.16) -Qu'en pensez-vous, ô moines? La conscience est-elle permanente ou impermanente? - La conscience est impermanente, ô Bienheureux. -Si une chose est impermanente, est-elle dans le malheur ou dans le bonheur? - Dans le malheur, ô Bienheureux. -Alors donc, de ce qui est impermanent, qui est malheur, sujet au changement, peut-on, quand on le considère, dire: "Cela est mien, je suis cela, cela est mon Soi?" - Certainement non, ô Bienheureux.
(13.17) Il en résulte, ô moines, que tout ce qui est corps, passé, futur ou présent, intérieur ou extérieur, grossier ou subtile, vil ou excellent, lointain ou proche, tout ce qui est corps doit être considéré, selon la sagesse correcte, comme tel qu'il est, en se disant: "Cela n'est pas à moi, je ne suis pas cela, cela n'est pas mon Soi."
(13.18) Il en résulte, ô moines, que tout ce qui est sensation, passée, future ou présente, intérieure ou extérieure, grossière ou subtile, vile ou excellente, lointaine ou proche, tout ce qui est sensation doit être considéré, selon la sagesse correcte, comme tel qu'il est, en se disant: "Cela n'est pas à moi, je ne suis pas cela, cela n'est pas mon Soi."
(13.19) Il en résulte, ô moines, que tout ce qui est perception, passée, future ou présente, intérieure ou extérieure, grossière ou subtile, vile ou excellente, lointaine ou proche, tout ce qui est perception doit être considéré, selon la sagesse correcte, comme tel qu'il est, en se disant: "Cela n'est pas à moi, je ne suis pas cela, cela n'est pas mon Soi."
(13.20) Il en résulte, ô moines, que tout ce qui est tendance habituelle, passée, future ou présente, intérieure ou extérieure, grossière ou subtile, vile ou excellente, lointaine ou proche, tout ce qui est tendance habituelle doit être considéré, selon la sagesse correcte, comme tel qu'il est, en se disant: "Cela n'est pas à moi, je ne suis pas cela, cela n'est pas mon Soi."
(13.21) Il en résulte, ô moines, que tout ce qui est conscience, passée, future ou présente, intérieure ou extérieure, grossière ou subtile, vile ou excellente, lointaine ou proche, tout ce qui est conscience doit être considéré, selon la sagesse correcte, comme tel qu'il est, en se disant: "Cela n'est pas à moi, je ne suis pas cela, cela n'est pas mon Soi."
(13.22) Considérant les choses ainsi, ô moines, le disciple savant réprouve le corps, il réprouve la sensation, il réprouve la perception, il réprouve la tendance habituelle, il réprouve la conscience. Lorsqu'il les réprouve, il est sans désir. Lorsqu'il est sans désir, il est libéré du désir. Lorsqu'il est libéré vient la connaissance: "Voici la libération ", et il sait: "Toute naissance nouvelle est anéantie, la Conduite pure est vécue, ce qui doit être achevé est achevé, il n'y a plus rien qui demeure à accomplir, il n'est plus (pour moi) de devenir."
(13.23) Ainsi parla le Bienheureux. Les cinq moines, contents, se réjouirent de la parole du Bienheureux. De plus, pendant le déroulement de ce sermon, la pensée des cinq moines fut libérée complètement des souillures. A ce moment il y eut six Arahants dans le monde.



La coproduction conditionnée : ACELA-SUTTA
(14.1) Ainsi ai-je entendu: Une fois, le Bienheureux séjournait à Kalandakanivapa dans le parc des Bambous, près de la ville de Rajagaha. Un jour, le Bienheureux, s'étant habillé de bon matin, prit son bol et son manteau, puis entra dans la ville de Rajagaha pour sa tournée d'aumône. A ce moment-là, un ascète nu appelé Kassapa vit de loin le Bienheureux qui arrivait. L'ayant vu, l'ascète Kassapa s'approcha du Bienheureux et échangea avec lui des compliments de politesse et des paroles de courtoisie, puis se tint debout à l'écart sur un côté.
(14.2) Se tenant debout à l'écart sur un côté, l'ascète nu Kassapa dit: "Si le vénérable Gotama nous le permet, s'il veut nous donner l'occasion d'écouter sa réponse, nous voulons l'interroger sur un certain point." Le Bienheureux dit: "Ce n'est pas le moment pour questionner, ô Kassapa, nous sommes parmi les maisons." L'ascète nu Kassapa dit pour la deuxième fois: "Si le vénérable Gotama nous le permet, s'il veut nous donner l'occasion d'écouter sa réponse, nous voulons l'interroger sur un certain point." Le Bienheureux dit: "Ce n'est pas le moment pour questionner, ô Kassapa, nous sommes parmi les maisons."
(14.3) L'ascète nu Kassapa dit pour la troisième fois: "Si le vénérable Gotama nous le permet, s'il veut nous donner l'occasion d'écouter sa réponse, nous voulons l'interroger sur un certain point." Le Bienheureux dit: "Ce n'est pas le moment pour questionner, ô Kassapa, nous sommes parmi les maisons."
(14.4) Lorsque cela eut été dit par le Bienheureux, l'ascète nu Kassapa persista: "Ce n'est pas une grande chose que nous voulons vous demander, ô vénérable Gotama." Enfin, le Bienheureux dit: "Demandez alors, ô Kassapa, ce que vous voulez."
(14.5) L'ascète nu Kassapa demanda: La souffrance de l'individu, ô vénérable Gotama, est-elle quelque chose de créé par lui-même ? - Ce n'est pas comme cela qu'elle se produit, ô Kassapa dit le Bienheureux. -La souffrance de l'individu, ô vénérable Gotama, est-elle quelque chose de créé par quelqu'un d'autre? - Ce n'est pas comme cela qu'elle se produit, ô Kassapa, dit le Bienheureux.
(14.6) - Si la souffrance de l'individu n'est pas quelque chose de créé par lui-même, si la souffrance de l'individu n'est pas quelque chose de créé par quelqu'un d'autre, ô vénérable Gotama, la souffrance de l'individu est-elle une chose apparue par hasard? - Ce n'est pas comme cela qu'elle se produit, ô Kassapa, dit le Bienheureux.
(14.7) - La souffrance de l'individu, ô vénérable Gotama, est-elle une chose non existante? - Si, ô Kassapa, la souffrance de l'individu n'est pas une chose non existante, la souffrance de l'individu est donc une chose existante. -Peut-être, le vénérable Gotama ne connaît-il pas la souffrance de l'individu, ne voit-il pas la souffrance de l'individu? -Non, ô Kassapa, je ne suis pas quelqu'un qui ne connaît pas la souffrance de l'individu. Je suis quelqu'un qui connaît la souffrance de l'individu. Je suis quelqu'un qui voit la souffrance de l'individu.
(14.8) - Comment cela peut être alors, ô vénérable Gotama ? Lorsque j'ai demandé si la souffrance de l'individu avait été créée par lui-même, vous m'avez répondu en disant " Ce n'est pas comme cela qu'elle se produit".
(14.9) Lorsque j'ai demandé si la souffrance de l'individu avait été créée par quelqu'un d'autre, vous m'avez répondu en disant " Ce n'est pas comme cela qu'elle se produit".
(14.10) Lorsque j'ai demandé si la souffrance de l'individu se produisait par hasard, vous m'avez répondu en disant " Ce n'est pas comme cela qu'elle se produit".
(14.11) Lorsque j'ai demandé si la souffrance de l'individu était une chose non existante, vous m'avez répondu en disant " La souffrance de l'individu n'est pas une chose non existante. La souffrance de l'individu est une chose existante".
(14.12) Lorsque j'ai demandé si le vénérable Gotama ne connaissait pas et ne voyait pas la souffrance, vous m'avez répondu en disant " Je ne suis pas quelqu'un qui ne connaît pas la souffrance de l'individu. Je suis quelqu'un qui connaît la souffrance. Je suis quelqu'un qui voit la souffrance".
(14.13) Dites-moi donc, ô vénérable Gotama, comment se produit la souffrance? Expliquez-moi, ô vénérable Gotama, comment se produit la souffrance?
(14.14) (Le Bienheureux répondit): Lorsqu'on dit que l'individu fait des actions et que le même individu reçoit leurs résultats - comme vous l'avez dit au début: "La souffrance de l'individu est créée par lui-même "-, une telle affirmation se réduit à la theorie éternaliste.
(14.15) Lorsqu'on dit qu'un individu fait des actions et qu'un autre obtient leurs résultats, c'est-à-dire l'opinion selon laquelle on souffre à cause de la faute d'un autre, une telle affirmation se réduit à la théorie annahilationiste.
(14.16) Dans ce cas, ô Kassapa, le Tathagata enseigne la doctrine sans aller à ces deux extrêmes, mais selon la voie du milieu, selon laquelle: conditionnées par l'ignorance se produisent les formations mentales; conditionnée par les formations mentales se produit la conscience; conditionnés par la conscience se produisent des phénomènes psychiques et des phénomènes physiques; conditionnées par les phénomènes psychiques et les phenomenes physiques se produisent les six facultés; conditionné par les six facultés se produit le contact (sensoriel et mental); conditionnée par le contact (sensoriel et mental) se produit la sensation; conditionné par la sensation se produit le désir; conditionnée par le désir se produit la saisie; conditionné par la saisie se produit le processus du devenir, conditionnée par le processus du devenir se produit la naissance; conditionnés par la naissance se produisent la décrépitude, la mort, les lamentations, les peines, les douleurs, les chagrins, les désespoirs. De cette façon se produit ce monceau de souffrances.
(14.17) (Cependant), par la cessation complète de l'ignorance, les formations mentales cessent; par la cessation complète des formations mentales, la conscience cesse; par la cessation complète de la conscience, les phénomènes psychiques et les phénomènes physiques cessent; par la cessation complète des phénomènes psychiques et des phénomènes physiques, les six facultés cessent; par la cessation complète des six facultés, le contact cesse; par la cessation complète du contact, la sensation cesse; par la cessation complète de la sensation, le désir cesse; par la cessation complète du désir, le processus du devenir cesse; par la cessation complète du processus du devenir, la naissance cesse; par la cessation complète de la naissance, la décrépitude, la mort, les lamentations, les peines, les douleurs, les chagrins, les désespoirs cessent. Telle est la cessation complète de tout ce monceau de souffrances.
(14.18) Cela étant dit, l'ascète nu Kassapa dit au Bienheureux: Merveilleux, ô Vénérable, merveilleux, ô Vénérable. C'est (vraiment), ô Vénérable, comme si l'on redressait ce qui a été renversé, découvrait ce qui a été caché, montrait le chemin à l'égaré ou apportait une lampe dans l'obscurité en pensant: "Que ceux qui ont des yeux voient les formes ", de même le Bienheureux a rendu claire la doctrine de maintes façons.
(14.19) Je prends donc refuge dans le Bienheureux, dans l'Enseignement et dans la Communauté. Puissé-je obtenir l'Ordination mineure et l'Ordination majeure auprès du Bienheureux.
(14.20) (Le Bienheureux dit): O Kassapa, si quelqu'un qui était d'abord un adepte d'une autre religion veut obtenir l'Ordination mineure et l'Ordination majeure ici, dans cette Doctrine et dans cette Discipline, il lui faut passer une période de probation de quatre mois. Lorsqu'il a passé cette période de probation, à la fin des quatre mois, les moines contents de lui lui donneront délibérément l'Ordination mineure et l'Ordination majeure afin de le faire moine. Néanmoins, je constate une différence entre les individus.
(14.21) L'ascète nu Kassapa dit: O Bienheureux, si quelqu'un qui était d'abord un adepte d'une autre religion veut obtenir l'Ordination mineure et l'Ordination majeure ici, dans cette Doctrine et dans cette Discipline, s'il passe une période de probation de quatre mois et si, lorsqu'il a passé cette période de probation, à la fin des quatre mois, les moines contents de lui lui donnent délibérément l'Ordination mineure et l'Ordination majeure afin de le faire moine, je suis prêt, ô Bienheureux, à passer une période de probation, même de quatre ans. Après avoir passé ainsi une période de probation, à la fin des quatre ans, que les moines contents de moi me donnent délibérément l'Ordination mineure et l'Ordination majeure.
(14.22) Ainsi, l'ascète nu Kassapa obtint auprès du Bienheureux l'Ordination mineure et l'Ordination majeure. Peu de temps après son Ordination majeure, l'Ayasmanta Kassapa, demeurant seul, retiré, vigilant, ardent, résolu, parvint rapidement à ce but pour la réalisation duquel les fils de noble famille quittent leur foyer pour la vie religieuse; cet incomparable but de la Conduite pure, il le réalisa dans cette vie même.
(14.23) Il compris: "Toute naissance nouvelle est anéantie. La conduite pure est vécue. Ce qui doit être achevé est achevé, plus rien ne demeure à accomplir." Ainsi, l'Ayasmanta Kassapa parvint au nombre des Arahants.




Le discours sur les cinq façons de mettre fin à la colère

Ainsi ai-je entendu dire le Bouddha, un jour qu’il demeurait au monastère d’Anathapindika, dans le parc Jeta, non loin de Sravasti. Ce jour-là, le Vénérable Sariputta dit aux moines :

"Chers amis, aujourd’hui je voudrais vous faire partager les cinq méthodes pour mettre fin à la colère et à la haine. Je vous prie de m’écouter attentivement et de méditer sur ce que je vais vous dire."

Les moines consentirent à l‘écouter attentivement.

"Quelles sont ces cinq méthodes pour mettre fin à la colère et à la haine ? demanda le Vénérable Sariputta.

"Voici la première méthode, chers amis :

"Si les actions d’une personne ne sont pas aimables mais que ses paroles le sont et qu’elle nous met en colère, parce que nous sommes sages, nous devrions savoir comment méditer pour mettre fin à notre irritation ou à notre colère.

"Chers amis, imaginons un moine qui pratique l’ascétisme et aime se vêtir d’une robe faite de morceaux de tissu. Un jour, il passe devant un dépotoir dégoûtant avec des excréments, de l’urine, du pus et d’autres saletés et il voit un morceau de tissu encore intact. De sa main gauche, il ramasse le tissu et de sa main droite, il l’étend. En voyant que le morceau de tissu n’est pas encore troué ni sali par les excréments, l‘urine, le pus et d’autres saletés, il le plie aussitôt, le garde et le rapporte chez lui pour le laver puis le coudre avec d’autres morceaux afin de faire une robe.

"Chers amis, de la même manière, quand une personne n’agit pas avec bonté mais prononce encore des paroles aimables, ne prêtons pas attention à ses actes. Par contre, pensons uniquement à ses paroles afin de pouvoir mettre fin à notre irritation ou à notre colère. Un sage devrait pratiquer ainsi.

"Ceci est la deuxième méthode, mes chers amis :

Si une personne ne dit pas de paroles aimables mais agit avec bonté, et qu’elle nous met en colère, comme nous sommes sages, nous devrions savoir comment méditer pour mettre fin à notre irritation ou à notre colère.

"Mes chers frères, disons que non loin du village se trouve un lac profond. Mais sa surface est couverte d’algues et d’herbes. A ce moment, une personne torturée par la faim, la soif et la chaleur s’approche du lac. Elle se déshabille, pose ses vêtements au bord du lac, plonge dans l’eau, écarte les algues et les herbes de ses deux bras, se désaltère et savoure la baignade.

"Chers amis, il en est ainsi quand quelqu’un ne dit pas de paroles aimables mais agit avec bonté. Ne prêtons pas attention à ses paroles mais soyons attentifs uniquement à ses actes aimables afin de mettre fin à notre colère. Un sage devrait pratiquer ainsi.

"Ceci est la troisième méthode, chers amis :

Si une personne n’agit ni ne parle gentiment mais a encore quelques pensées aimables et nous met en colère, comme nous avons une vision profonde, nous devrions chercher à méditer de façon à pouvoir mettre fin à notre colère.

"Chers amis, supposons qu’une personne qui se trouve à bout de force et qui souffre de la soif, de la pauvreté, de la chaleur et des afflictions, arrive à un carrefour où se trouve l’empreinte de pas d’un buffle dans lequel un peu d’eau de pluie stagne encore. La personne pense : "Comme il y a très peu d’eau dans cette empreinte de pas de buffle, si je prends l’eau avec ma main ou une feuille, je risque de la remuer et de la rendre trouble, boueuse et imbuvable. Dans ce cas, je ne pourrais pas me désaltérer, mettre fin à ma misère, à la chaleur et à mes afflictions". En se disant ‘Agenouille-toi, pose tes bras et tes genoux par terre et bois l’eau directement de ta bouche’, cette personne se met immédiatement à genoux avec ses bras complètement sur le sol et boit en posant sa bouche juste sur le trou creusé par l’empreinte.

"Mes chers frères, de la même manière, quand une personne n’agit ni ne parle gentiment, mais a encore un peu d’amabilité dans ses pensées, ne prêtons pas attention à ses actions ou à ses paroles peu aimables, mais soyons attentifs par contre seulement à ses rares pensées aimables agin de pouvoir mettre fin à notre colère ou à notre haine. Un sage devrait pratiquer ainsi.

"Ceci est la quatrième méthode, chers amis :

Si une personne n’agit ni ne parle gentiment et que dans son coeur, il ne reste plus rien que l’on puisse appeler aimable, si nous sommes en colère et que nous sommes sages, nous devrions chercher à méditer de façon à pouvoir mettre fin à cette colère.

"Chers amis, supposons qu’une personne voyage loin et tombe malade le long du chemin. Le dernier village qu’elle a quitté depuis longtemps, et celui vers lequel elle se dirige, sont encore bien loin. Souffrant, épuisée, seule, elle tombe dans le désespoir en sachant qu’elle mourra sur le chemin. A ce moment-là, quelqu’un apparaît, la trouve dans cet état et lui porte secours immédiatement. Il la soutient de ses bras pour l’emmener au prochain village, prend soin d’elle, la soigne et lui fournit tous les aliments et les médicaments nécessaires. Grâce à son aide, la personne est sauvée. Si cette personne est sauvée, c’est grâce à l’amour et à la compassion de l’autre.

"De la même manière, chers amis, quand nous voyons quelqu’un qui n’agit ni ne parle avec bonté et qui n’a rien dans son coeur qui s’apparente à l’amabilité, nous devrions penser ceci :

"Une personne dont les actes, les paroles et les pensées ne sont pas aimables est une personne qui souffre beaucoup. Elle s’engage certainement dans un chemin extrêmement dangereux. Si elle ne rencontre pas d’ami, elle n’aura aucune chance de se transformer et d’aller dans la voie qui mène au bonheur." En pensant ainsi, nous pouvons ouvrir notre coeur à la compassion et à l’amour, mettre fin à notre colère et aider l’autre personne. Un sage devrait pratiquer ainsi.

"Ceci est la cinquième méthode, chers amis :

Si quelqu’un agit et parle gentiment, s’il est également aimable dans ses pensées et que malgré cela, mous sommes en colère ou jaloux contre lui, comme nous sommes sages, nous devrions chercher à méditer de façon à pouvoir mettre fin à notre colère.

"Chers amis, supposons que, non loin d’un village, se trouve un beau lac. L’eau du lac est aussi limpide que douce. Le fond est profond et plat. Le bord est régulier et couvert d’herbes fraîches et les quatre côtés sont ombragés par des arbres luxuriants et verts. Une personne qui a soif, qui souffre des afflictions, de la chaleur et qui est couverte de sueur, arrive au lac. Elle se déshabille, pose ses vêtements au bord du lac, se plonge dans l’eau, se désaltère et savoure pleinement la baignade. Sa chaleur, sa soif et ses afflictions se dissipent. Il en est ainsi, chers amis, quand nous voyons quelqu’un qui agit, parle et pense gentiment. Nous devrions reconnaître cette amabilité reflétée dans les trois domaines, actions, paroles et pensées, sans laisser la colère ou la jalousie nous envahir. Si nous ne savons pas comment vivre heureux avec une personne aussi fraîche, nous ne vivons vraiment pas dans la sagesse.

"Mes chers frères, j’ai partagé avec vous les "Cinq méthodes pour mettre fin à la colère".

Après avoir entendu le Vénérable Sariputta, les moines furent heureux de recevoir ces enseignements et de les mettre en pratique.

Madhyama Agama 25



Les quatre racines de la Loi

Ainsi ai-je entendu

Une fois le Bouddha demeurait dans la cité de Râjagriha, au jardin de bambous de Karanda.
Avec lui, une grande assemblée de moines, soit cinq cents moines.

Alors, quatre étudiants-brahmanes, qui avaient tous obtenu les cinq pouvoirs et pratiquaient
la Bonne Loi, se trouvant réunis en un seul endroit, tinrent les propos suivants :

"Quand cette cueilleuse de vies s'approche, on ne peut échapper à sa puissance; allons donc
nous cacher, chacun de son côté, de sorte que la cueilleuse de vies ne sache pas où nous trouver!"

Alors, l'un des étudiants-brahamanes s'envola et se tint au milieu de l'espace dans l'espoir
d'échapper à la mort. Il ne pu cependant éviter sa propre mort : tandis qu'il se tenait au milieu de
l'espace, sa vie s'acheva.

À son tour, le deuxième étudiant-brahmane plongea au fond de l'eau de l'océan dans l'espoir
d'échapper à la mort, mais, tandis qu'il s'y trouvait, sa vie s'acheva.

De son côté, le troisième étudiant-brahmane, dans l'espoir d'échapper à la mort, pénétra au
coeur du Mont Sumeru, mais il y mourut.

Le quatrième étudiant-brahmane s'enfonça dans la terre et parvint jusqu'au cercle de diamant
dans l'espoir d'échapper à la mort, mais, pour lui aussi, c'est là que sa vie s'acheva.

Alors, l'Honoré du Monde, au moyen de son oeil divin, vit les quatre étudiants-brahmanes :
l'un après l'autre, ils s'étaient enfuis devant la mort, mais, cependant, tous avaient achevé leur vie.
Alors, l'Honoré du Monde se mit à réciter cette stance :

Ce n'est pas dans les airs, ce n'est pas dans la mer,
Ce n'est pas en entrant dans le roc de la montagne,
Ni en résidant aux extrémités de la terre
Que l'on peut échapper à cette mort inévitable.

Alors, l'Honoré du Monde dit aux moines :

"Ces temps-ci, moines, il y a eu quatre étudiants-brahmanes qui, se trouvant réunis à un
seul endroit, voulurent échapper à la mort, mais aucun d'entre eux, quel que soit le lieu où
il se précipita, ne put échapper à la mort. Le premier se tint dans l'espace, le deuxième
plongea dans l'eau de la mer, le troisième pénétra au coeur de la montagne et le quatrième
s'enfonça dans la terre, mais tous furent rejoints par la mort.

C'est pourquoi, moines, si vous voulez échapper à la mort, il vous faut méditer sur les
quatre racines de la Loi.

Quelles sont ces quatres ?

"Tous les composés sont impermanents."
Voilà la première racine de la Loi dont il vous faut cultiver la pensée.

"Tous les composés sont souffrance."
Voilà la deuxième racine de la Loi sur laquelle il vous faut méditer.

"Tous les phénomènes sont sans soi."
Voilà la troisième racine de la Loi sur laquelle il vous faut méditer.

"La destruction de tous les liens, c'est le Nirvâna."
Voila la quatrième racine de la Loi sur laquelle il vous faut méditer.

C'est ainsi, moines, qu'il vous faut méditer sur ces quatre racines de la Loi. Et pourquoi ?
Parce qu'ainsi vous échapperez à la naissance, à la vieillesse, à la maladie, à la mort, au chagrin,
à la peine, à la douleur, au regret et à toutes les causes de la souffrance.

C'est pourquoi, moines, il vous faut chercher le moyen de réaliser ces quatre racines de la Loi.

Voilà, moines, ce qu'il vous faut savoir."

Alors les moines, ayant entendu ce que le Bouddha avait enseigné, le reçurent avec joie
et le mirent en pratique.





La Vacuité: CULASUNNATA-SUTTA


(25.1) Ainsi ai-je entendu: Une fois, le Bienheureux séjournait à la résidence monastique fondée par Migara-Mata, dans le monastère de l'Est, près de la ville de Savatthi.Un après-midi, s'étant levé de sa méditation solitaire, l'Ayasmanta Ananda s'approcha du Bienheureux. S'étant approché, il rendit hommage au Bienheureux et s'assit à l'écart sur un côté.
(25.2) S'étant assis à l'écart sur un côté, l'Ayasmanta Ananda dit au Bienheureux: Une fois, ô Bienheureux, vous étiez dans le bourg des Sakyas appelé Nagaraka au pays des Sakyas. En ce temps-là, j'ai entendu, étant en face de lui, le Bienheureux qui disait: "Moi, ô Ananda, en demeurant dans la vacuité, maintenant j'y demeure davantage." Je pense, ô Bienheureux, que j'ai entendu ainsi correctement, que j'ai compris ainsi correctement.
(25.3) Le Bienheureux dit: Certainement, ô Ananda, ce que vous avez entendu ainsi est correct; ce que vous avez compris ainsi est correct. Maintenant, tout comme avant, en demeurant dans la vacuité, j'y demeure davantage.
(25.4) Tout comme cette résidence monastique fondée par Migara-Mata est vide d'éléphants, de vaches, de chevaux, de juments, est vide d'or et d'argent, est vide d'assemblées d'hommes et de femmes. Seulement elle est non vide du caractère unique fondé sur l'Ordre des moines.
(25.5) De même, ô Ananda, un disciple, sans se concentrer sur la perception concernant le village, sans se concentrer sur la perception concernant les êtres humains, se concentre sur le caractère unique fondé sur la perception concernant la forêt. Sa pensée plonge dans la perception concernant la forêt. Sa pensée s'y plaît, sa pensée s'y établit, sa pensée s'y libère.
(25.6) Alors, il sait: "Ici, il n'existe pas de soucis qui se produisent à cause de la perception concernant le village. Ici, il n'existe pas de soucis qui se produisent à cause de la perception concernant les êtres humains. Ici, il y a seulement des soucis qui se produisent à cause du caractère unique de la pensée fondée sur la perception concernant la forêt."
(25.7) Alors il sait: "Cette aperception est vide de la perception concernant le village. Cette aperception est vide de la perception concernant les êtres humains. Elle est non vide seulement du caractère unique fondé sur la perception concernant la forêt." De cette façon, s'il n'y a pas une chose, il constate bien cette absence. S'il y a un résidu, à propos de ce résidu, il comprend: "Quand ceci est, cela est." Ainsi, ô Ananda, pour ce disciple, c'est aussi l'arrivée dans une vacuité qui est vraie, non fausse et pure.
(25.8) Et encore, ô Ananda, un disciple, sans se concentrer sur la perception concernant les êtres humains, sans se concentrer sur la perception concernant la forêt, se concentre sur le caractère unique fondé sur la perception concernant la terre.
(25.9) Tout comme, ô Ananda, une peau de boeuf, bien étendue par cent chevilles, dont la graisse a disparu, de même, ô Ananda, un disciple, sans se concentrer sur les choses terrestres comme les hautes terres et les marécages, les rivières, les arbres portant des branches et des épines, etc., les montagnes et les vallées, etc., se concentre sur le caractère unique fondé sur la perception concernant la terre. Sa pensée plonge dans la perception concernant la terre. Sa pensée s'y plaît. Sa pensée s'y établit. Sa pensée s'y libère.
(25.10) Alors il sait: "Ici, il n'existe pas de soucis qui se produisent à cause de la perception concernant les êtres humains. Ici, il n'existe pas de soucis qui se produisent à cause de la perception concernant la forêt. Ici, il y a seulement des soucis qui se produisent à cause du caractère unique de la pensée fondée sur la perception concernant la terre."
(25.11) Alors, il sait: "Cette aperception est vide de la perception concernant les êtres humains. Cette aperception est vide de la perception concernant la forêt. Elle est non vide seulement du caractère unique fondé sur la perception concernant la terre."
(25.12) De cette façon, s'il n'y a pas une chose, il constate bien cette absence. S'il y a un résidu, à propos de ce résidu, il comprend: "Quand ceci est, cela est." Ainsi, ô Ananda, pour ce disciple, c'est aussi l'arrivée dans une vacuité qui est vraie, non fausse et pure.
(25.13) Et encore, ô Ananda, un disciple, sans se concentrer sur la perception concernant la forêt, sans se concentrer sur la perception concernant la terre, se concentre sur le caractère unique fondé sur la perception concernant la " sphère de l'espace infini". Sa pensée plonge dans la perception concernant la "sphère de l'espace infini". Sa pensée s'y plaît. Sa pensée s'y établit. Sa pensée s'y libère.
(25.14) Alors il sait: Ici, il n'existe pas de soucis qui se produisent à cause de la perception concernant la forêt. Ici, il n'existe pas de soucis qui se produisent à cause de la perception concernant la terre. Ici, il y a seulement des soucis qui se produisent à cause du caractère unique de la pensée fondée sur la perception concernant la sphère de l'espace infini."
(25.15) Alors, il sait: Cette aperception est vide de la perception concernant la forêt. Cette aperception est vide de la perception concernant la terre. Cette aperception est non vide seulement du caractère unique fondé sur la perception concernant la "sphère de l'espace infini".
(25.16) De cette façon, s'il n'y a pas une chose, il constate bien cette absence. S'il y a un résidu, à propos de ce résidu, il comprend: "Quand ceci est, cela est." Ainsi, ô Ananda, pour ce disciple, c'est aussi l'arrivée dans une vacuité qui est vraie, non fausse et pure.
(25.17) Et encore, ô Ananda, un disciple, sans se concentrer sur la perception concernant la terre, sans se concentrer sur la perception concernant la " sphère de l'espace infini ", se concentre sur le caractère unique fondé sur la perception concernant la " sphère de la conscience infinie". Sa pensée plonge dans la perception concernant la " sphère de la conscience infinie". Sa pensée s'y plaît. Sa pensée s'y établit. Sa pensée s'y libère.
(25.18) Alors il sait: Ici, il n'existe pas de soucis qui se produisent à cause de la perception concernant la terre. Ici, il n'existe pas de soucis qui se produisent à cause de la perception concernant la "sphère de l'espace infini". Ici, il y a seulement des soucis qui se produisent à cause du caractère unique de la pensée fondée sur la perception concernant la "sphère de la conscience infinie".
(25.19) Alors il sait: Cette aperception est vide de la perception concernant la terre. Cette aperception est vide de la perception concernant la "sphère de l'espace infini". Cette aperception est non vide seulement du caractère unique fondé sur la perception concernant la "sphère de la conscience infinie".
(25.20) De cette façon, s'il n'y a pas une chose, il constate bien cette absence. S'il y a un résidu, à propos de ce résidu, il comprend: "Quand ceci est, cela est." Ainsi, ô Ananda, pour ce disciple, c'est aussi l'arrivée dans une vacuité qui est vraie, non fausse et pure.
(25.21) Et encore, ô Ananda, un disciple, sans se concentrer sur la perception concernant la " sphère de l'espace infini ", sans se concentrer sur la perception concernant la "sphère de la conscience infinie", se concentre sur le caractère unique fondé sur la perception concernant la " sphère du néant". Sa pensée plonge dans la perception concernant la " sphère du néant". Sa pensée s'y plaît. Sa pensée s'y établit. Sa pensée s'y libère.
(25.22) Alors il sait: Ici, il n'existe pas de soucis qui se produisent à cause de la perception concernant la "sphère de l'espace infini". Ici, il n'existe pas de soucis qui se produisent à cause de la perception concernant la "sphère de la conscience infinie". Ici, il y a seulement des soucis qui se produisent à cause du caractère unique de la pensée fondée sur la perception concernant la "sphère du néant".
(25.23) Alors il sait: "Cette aperception est vide de la perception concernant la "sphère de l'espace infini". Cette aperception est vide de la perception concernant la "sphère de la conscience infinie". Cette aperception est non vide seulement du caractère unique fondé sur la perception concernant la "sphere du neant".
(25.24) De cette façon, s'il n'y a pas une chose, il constate bien cette absence. S'il y a un résidu, à propos de ce résidu, il comprend: "Quand ceci est, cela est." Ainsi, ô Ananda, pour ce disciple, c'est aussi l'arrivée dans une vacuité qui est vraie, non fausse et pure.
(25.25) Et encore, ô Ananda, un disciple, sans se concentrer sur la perception concernant la " sphère de la conscience infinie", sans se concentrer sur la perception concernant la " sphère du néant", se concentre sur le caractère unique fondé sur la perception concernant la "sphère sans perception ni non-perception". Sa pensée plonge dans la perception concernant la "sphère ni de la perception ni de la non-perception". Sa pensée s'y plaît. Sa pensée s'y établit. Sa pensée s'y libère.
(25.26) Alors il sait: Ici, il n'existe pas de soucis qui se produisent à cause de la perception concernant la "sphère de la conscience infinie". Ici, il n'existe pas de soucis qui se produisent à cause de la perception concernant la "sphère du néant". Ici, il y a seulement des soucis qui se produisent à cause du caractère unique de la pensée fondée sur la perception concernant la "sphère sans perception ni non-perception ".
(25.27) Alors il sait: "Cette aperception est vide de la perception concernant la "sphère de la conscience infinie". Cette aperception est vide de la perception concernant la "sphère du néant". Cette aperception est non vide seulement du caractère unique fondé sur la perception concernant la "sphère sans perception ni non-perception".
(25.28) De cette façon, s'il n'y a pas une chose, il constate bien cette absence. S'il y en a un résidu, à propos de ce résidu, il comprend: "Quand ceci est, cela est." Ainsi, ô Ananda, pour ce disciple, c'est aussi l'arrivée dans une vacuité qui est vraie, non fausse et pure.
(25.29) Et encore, ô Ananda, un disciple, sans se concentrer sur la perception concernant la "sphère du néant", sans se concentrer sur la perception concernant la "sphère sans perception ni non-perception ", se concentre sur le caractère unique fondé sur la "concentration mentale qui est sans indice". Sa pensée plonge dans la " concentration mentale qui est sans indice". Sa pensée s'y plaît. Sa pensée s'y établit. Sa pensée s'y libère.
(25.30) Alors il sait: "Cette concentration mentale qui est sans indice est un état conditionné. Elle est un état produit par la pensée. Si une chose est conditionnée, si elle est une production de la pensée, elle est sûrement impermanente; elle est sujette à la dissolution."
(25.31) Quand il sait cela et quand il voit cela, la pensée se libère de la souillure du désir sensuel; la pensée se libère de la souillure du désir d'existence; la pensée se libère de la souillure de l'ignorance. Quand il est libéré vient la connaissance: "Voici la libération."
(25.32) Alors il sait: "Toute naissance nouvelle est anéantie, la Conduite pure est vécue, ce qui devait être accompli est accompli, plus rien ne demeure à accomplir."
(25.33) Il comprend: "Ici, il n'existe pas de soucis qui se produisent à cause de la souillure du désir sensuel. Ici, il n'existe pas de soucis qui se produisent à cause de la souillure du désir de l'existence et du devenir. Ici, il n'existe pas de soucis qui se produisent à cause de la souillure de l'ignorance. Ici, il y a seulement des soucis qui se produisent à cause des six sphères sensorielles conditionnées par cette vie, conditionnées par ce corps."
(25.34) Alors il sait: Cette aperception est vide de la souillure dit "désir sensuel". Cette aperception est vide de la souillure dite "désir d'existence et du devenir". Cette aperception est vide de la souillure dite " ignorance". Ici, ce qui est non vide, ce sont les six sphères sensorielles conditionnées par cette vie, conditionnées par ce corps.
(25.35) Ainsi, s'il n'y a pas une chose, il constate bien cette absence. S'il y a un résidu, à propos de ce résidu, il comprend: "Quand ceci est, cela est." De cette façon, ô Ananda, pour ce disciple, c'est l'arrivée dans la vacuité suprême, incomparable, vraie, non fausse et pure.
(25.36) S'il y a eu, ô Ananda, des religieux et des prêtres dans le passé le plus lointain qui sont entrés et ont demeuré dans la vacuité complètement pure, incomparable et suprême, tous ces religieux et prêtres entrèrent et demeurèrent précisément dans cette vacuité qui est complètement pure, incomparable et suprême.
(25.37) S'il y a, ô Ananda, des religieux et des prêtres dans le futur le plus éloigné qui entreront et demeureront dans la vacuité complètement pure, incomparable et suprême, tous ces religieux et ces prêtres entreront et demeureront précisément dans cette vacuité qui est complètement pure, incomparable et suprême.
(25.38) S'il y a, ô Ananda, des religieux et des prêtres dans le présent qui entrent et demeurent dans la vacuité complètement pure, incomparable et suprême, tous ces religieux et ces prêtres entrent et demeurent précisément dans cette vacuité qui est complètement pure, incomparable et suprême.
(25.39) C'est pourquoi, ô Ananda, vous devez vous entraîner en disant: "Entrant dans cette vacuité qui est complètement pure, incomparable et suprême, j'y demeure."
(25.40) Ainsi parla le Bienheureux. L'Ayasmanta Ananda, heureux, se réjouit des paroles du Bienheureux.


Anapanasati Sutta : L'enseignement de l’attention à la respiration.

1-Ainsi ai-je entendu : En ce temps-là, le Bouddha était encore à Savatthi et il demeurait dans le Parc de l'est avec ses principaux disciples comme Sariputta, Mahamoggallana, Mahakassapa, Mahakaccayana, Mahakotthita, Mahakappina, Mahacunda, Anuruddha, Revata et Ananda. Dans la communauté, les Bhikkhus plus anciens s’occupaient d’enseigner aux plus jeunes ; certains à une dizaine d’entre-eux, d’autres à une vingtaine ou encore d’autres à une trentaine ou une quarantaine. Les jeunes Bhikkhus faisaient ainsi beaucoup de progrès.

C’était une nuit de pleine lune à la fin de la saison de retraite et la cérémonie de Pavarana (clôture de la retraite) avait lieu. Le Bouddha assis à l’extérieur entouré de l’assemblée des moines, après les avoir silencieusement regardés, dit :

« Vénérables moines, je suis très satisfait en observant les résultats que vous avez obtenus de votre pratique.

« Néanmoins, soyez plus diligents ; ce que vous n’avez pas atteint, vous pouvez l’atteindre, ce que vous n’avez pas réalisé, vous pouvez le réaliser. J’attendrai ici à Savatthi jusqu‘au jour de la pleine lune à la fin du quatrième mois de la retraite. »

Ayant entendu dire que le Très Honoré resterait à Savatthi jusqu'au jour de la pleine lune du quatrième mois de la retraite, les Bhikkhus qui étaient partis pour enseigner le Dharma à travers le pays commencèrent à revenir à Savatthi pour étudier avec lui. A cette occasion, les moines plus anciens redoublèrent d’attention envers les plus jeunes. Certains enseignant à une dizaine, d’autres à une vingtaine, encore d’autres à une trentaine ou encore une quarantaine. Grâce à cela les jeunes Bhikkhus firent des progrès considérables.

Lorsque la pleine lune suivante arriva, le Bouddha, assis à l’extérieur avec les moines, après les avoir regardés silencieusement leur dit :

« Vénérables moines, notre communauté est pure et bonne. En son sein, il n’y a nul besoin de bavardage prétentieux et inutile et c’est pourquoi elle est digne de recevoir des offrandes et d’être considérée comme un champs de mérite. Elle est digne de respect. Une telle communauté est rare, et tout pèlerin qui la cherche, aussi long que soit le voyage qu'il doit accomplir cherchera à y prendre refuge et la trouvera digne de respect. »

« Ô moines, il y en a parmi vous qui ont déja réalisé le fruit d’Arahat, détruit chaque racine d’affliction, déposé tout fardeau et atteint la compréhension et l’émancipation justes. D’autres, parmi vous, ont déja brisé les cinq premiers liens de l’esclavage et réalisé le fruit du Non-retour dans le cycle des naissances et des morts.

« Il y a ceux qui se sont libérés des trois premiers liens de l’esclavage et ont réalisé le fruit du Dernier retour. Ils ont coupé les principales racines de l’avidité, de la haine et de l’ignorance et n’ont besoin de retourner qu'une seule fois dans le cycle des naissances et des morts. Il y a ceux qui se sont libérés des trois liens de l’esclavage et ont atteint le fruit de l’Entrée-dans-le-courant, se dirigeant fermement vers l’état d’Eveillé. Il y a ceux qui pratiquent les Quatre établissements de la Pleine conscience. Il y a ceux qui pratiquent les Quatre efforts justes et ceux qui pratiquent les Quatres Bases de la réussite. Il y a ceux qui pratiquent les Cinq facultés, ceux qui pratiquent les Cinq pouvoirs, ceux qui pratiquent les Sept facteurs d’éveil, et ceux qui pratiquent le Noble sentier à huit pratiques. Il y a ceux qui pratiquent l’Amour bienveillant, ceux qui pratiquent la Compassion, ceux qui pratiquent la Joie et ceux qui pratiquent l’Equanimité. Il y a ceux qui pratiquent les Neuf Contemplations et ceux qui pratiquent l’Observation de l’Impermanence. Il y a aussi des Bhikkhus qui pratiquent déjà la Pleine conscience de la respiration. »


2-« O moines, la méthode qui consiste à contempler sa respiration, apportera de grands bénéfices et de grands avantages si elle est développée et pratiquée régulièrement. Elle amènera le succès dans la pratique des Quatre Etablissements de la Pleine conscience. Si la méthode des Quatres Etablissements de la Pleine conscience est développée et pratiquée régulièrement, cela amènera à la réussite dans la pratique des Sept facteurs d’éveil. Les Sept facteurs d’éveil, s'ils sont développés et pratiqués régulièrement, feront naître la compréhension et engendreront la libération de l’esprit. « Commment développer et pratiquer régulièrement la méthode de la Pleine conscience de la respiration afin que la pratique porte ses fruits et soit source de grands bienfaits ? Cela se passe ainsi, moines : le pratiquant va dans la forêt ou au pied d’un arbre dans un endroit désert : il s’assied dans la posture du lotus, le corps stable et droit, la Pleine conscience établie devant lui. Lorsqu’il inspire, il sait qu’il inspire ; lorsqu’il expire, il sait qu’il expire.

1-En inspirant longuement, il sait ‘j’inspire longuement’. En expirant longuement, il sait ‘J’expire longuement’.

2-En inspirant brièvement, il sait ‘j’inspire brièvement’. En expirant brièvement, il sait ‘J’expire brièvement’.

3-‘J’inspire et je suis conscient de tout mon corps. J’expire et je suis conscient de tout mon corps’. C’est ainsi qu'il pratique.

4-‘J’inspire et j'apaise mon corps tout entier. J’expire et j'apaise mon corps tout entier’. Ainsi pratique-t-il.

5-‘J’inspire et je me sens joyeux. J’expire et je me sens joyeux’. Ainsi pratique-t-il.

6-‘J’inspire et je me sens heureux. J’expire et je me sens heureux’. Ainsi pratique-t-il.

7- ‘J’inspire et je suis conscient de mes formations mentales. J’expire et je suis conscient de mes formations mentales’. Ainsi pratique-t-il.

8-‘J’inspire et je calme mes formations mentales. J’expire et je calme mes formations mentales’. Ainsi pratique-t-il.

9-‘J’inspire et je suis conscient de mon mental. J’expire et je suis conscient de mon mental’. Ainsi pratique-t-il.

10-‘J’inspire et je rends mon esprit heureux. J’expire et je rends mon esprit heureux’. Ainsi pratique-t-il.

11-‘J’inspire et je concentre mon mental. J’expire et je concentre mon mental’. Ainsi pratique-t-il.

12-‘J’inspire et je libère mon mental. J’expire et je libère mon mental’. Ainsi pratique-t-il.

13-‘J’inspire et j’observe la nature impermanente de tous les phénomènes. J’expire et j’observe la nature impermanente de tous les phénomènes’. Ainsi pratique-t-il.

14-‘J’inspire et j’observe la disparition progressive du désir. J’expire et j’observe la disparition progressive du désir’. Ainsi pratique-t-il.

15-‘J’inspire et je contemple la nature non née et non morte de tout phénomène. J’expire et je contemple la nature non née et non morte de tout phénomène’. Ainsi pratique-t-il.

16-‘J’inspire et je contemple le lâcher-prise. J’expire et je contemple le lâcher-prise’. Ainsi pratique-t-il.

« Pratiquée et développée régulièrement selon ces instructions, la Pleine conscience de la respiration portera ses fruits et sera source de grands bienfaits. »

3- « De quelle manière pouvons-nous développer et pratiquer régulièrement la pleine attention à la respiration pour réussir à pratiquer les Quatre Etablissements de la Pleine conscience ?

« Quand le pratiquant inspire ou expire longuement ou brièvement, conscient de sa respiration ou de tout son corps ou bien conscient qu’il calme et qu’il apaise tout son corps, il s’établit paisiblement dans l’observation du corps dans le corps, persévérant, complètement éveillé, comprenant clairement son état, ayant quitté tout attachement et toute aversion pour cette vie. Ces exercices de respiration avec pleine attention appartiennent au Premier Etablissement de la Pleine conscience, le corps.

« Quand le pratiquant inspire ou expire, conscient de la joie ou du bonheur, des formations mentales ou pour apaiser les formations mentales, il s’établit paisiblement dans l’observation des sensations dans les sensations, persévérant, complètement éveillé, comprenant clairement son état, ayant quitté tout attachement et toute aversion pour cette vie. Ces exercices de respiration avec pleine attention appartiennent au Second Etablissement de la Pleine conscience, les sensations.

« Quand le pratiquant inspire ou expire, conscient de son mental ou pour rendre son mental heureux ou pour rassembler son mental en concentration, ou pour libérer son mental, il s’établit paisiblement dans l’observation du mental dans le mental, persévérant, complètement éveillé, comprenant clairement son état, ayant quitté tout attachement et toute aversion pour cette vie. Ces exercices de respiration avec pleine attention appartiennent au Troisième Etablissement de la Pleine conscience, le mental. Sans la pleine attention de la respiration, il ne peut pas y avoir de développement, de stabilité et de compréhension dans la méditation.

« Quand le pratiquant inspire ou expire et contemple l’impermanence essentielle ou la disparition essentielle du désir ou la nature de non né/non-mort de tout phénomène ou le lâcher-prise, il s’établit paisiblement dans l’observation des objets du mental dans les objets du mental, persévérant, complètement éveillé, comprenant clairement son état, ayant quitté tout attachement et toute aversion pour cette vie. Ces exercices de respiration avec pleine attention appartiennent au Quatrième Etablissement de la Pleine conscience, les objets du mental.

« La pratique de la Pleine attention à la respiration, si elle est développée et régulière conduira à l’accomplissement parfait des Quatre Etablissements de la Pleine conscience. »

4-« De plus, si les Quatre Etablissements de la Pleine conscience sont développés et pratiqués régulièrement, ils conduiront à l’établissement dans les Sept Facteurs d’Eveil. Qu’en est-il ?

« Quand le pratiquant peut maintenir, sans être distrait, la pratique de l’observation du corps dans le corps, des sensations dans les sensations, du mental dans le mental, des objets du mental dans les objets du mental, persévérant, complètement éveillé, comprenant clairement son état, ayant quitté tout attachement et toute aversion pour cette vie, avec une stabilité méditative, sans défaut, résolu et imperturbable, il atteindra le premier facteur d’éveil, c’est-à-dire la Pleine conscience. Quand il sera développé, ce facteur atteindra la perfection.

« Quand le pratiquant peut s’établir dans une stabilité méditative sans être distrait et peut analyser chaque Dharma, chaque objet du mental qui apparaît, alors le second facteur d’éveil naîtra et se développera en lui, le facteur d’Analyse des Phénomènes. Quand il sera développé, ce facteur atteindra la perfection.

« Quand le pratiquant peut observer et analyser chaque phénomène de manière continue, persévérant et résolu, sans être distrait, le troisième facteur d’éveil naîtra et se développera en lui, le facteur Energie. Quand il sera développé, ce facteur atteindra la perfection.

« Quand le pratiquant s’établit de manière stable et imperturbable dans le courant de la pratique, le quatrième facteur d’éveil naîtra et se développera en lui, le facteur de la Joie. Quand il sera développé, ce facteur atteindra la perfection.

« Quand le pratiquant s’établit sans distraction dans l’état de joie, il sentira son corps et son mental légers et paisibles. A ce moment, le cinquième facteur d’éveil naîtra et se développera en lui, le facteur d'Aisance. Quand il sera développé, ce facteur atteindra la perfection.

« Quand corps et mental sont à l’aise, le pratiquant peut entrer facilement dans la concentration. A ce moment le sixième facteur d’éveil naîtra et se développera en lui, le facteur de la Concentration. Quand il sera développé, ce facteur atteindra la perfection.

« Quand le pratiquant s’établit en concentration dans un calme profond, il arrêtera de discriminer et de comparer. A ce moment, le septième facteur d’éveil est produit, naît et se développe en lui, le facteur du Lâcher-prise. Quand il sera développé, ce facteur atteindra la perfection.

« Voici comment les Quatre Etablissements de la Pleine conscience, s’ils sont développés et pratiqués régulièrement, conduiront à l’établissement parfait dans les Sept Facteurs d’Eveil. »

5- « Comment les sept facteurs d’éveil, lorsqu’ils sont développés et pratiqués régulièrement, conduisent-ils à l’accomplissement parfait de la compréhension vraie et de la libération complète ?

« Si le pratiquant suit la voie des Sept Facteurs d’Eveil, vivant en reclus dans la tranquillité, observant et contemplant la disparition du désir, il développera la capacité de lâcher-prise. Ceci sera le résultat de la pratique du chemin des Sept Facteurs d’Eveil et conduira à l’accomplissement parfait de la compréhension vraie et de la libération complète. »

6- C’est ce que le Seigneur, l’Eveillé dit ; et chacun dans l’assemblée exprima de la gratitude et du plaisir en ayant entendu ces enseignements.

Anapanasati Sutta, Majjhima Nikaya 118



Le discours sur le Bonheur


Ainsi ai-je entendu, un jour que le Bouddha demeurait au monastère d’Anathapindika, dans le parc Jeta, près de Savathi. Dans la nuit, un deva apparut. Sa beauté et sa radiance illuminèrent tout le parc. Après avoir salué le Bouddha avec respect, le deva posa une question sous la forme d’un gatha (poème): “Nombreux sont les dieux et les hommes qui désirent savoir quelles sont les plus grandes bénédictions que peut apporter une vie paisible et heureuse. Je vous prie, ô Tathagatha, enseignez-nous.” (Et voici la réponse du Bouddha): C

Vivre en compagnie des sages,

Ne pas être associé aux sots

Et rendre hommage à ceux qui méritent d’être honorés,

Ceci est le plus grand des bonheurs. C


Vivre dans un bon environnement,

Avoir planté de bonnes graines,

Savoir que l’on est sur le bon chemin,

Ceci est le plus grand des bonheurs. C


Avoir la chance d’apprendre,

Etre habile dans sa profession,

Savoir respecter les préceptes et employer un langage doux,

Ceci est le plus grand des bonheurs. C


Prendre soin de ses parents

Et chérir sa famille,

Pouvoir exercer le métier que l’on aime,

Ceci est le plus grand des bonheurs. C


Vivre correctement tout en donnant avec générosité,

Apporter soutien aux parents et amis,

Adopter une conduite irréprochable,

Ceci est le plus grand des bonheurs. C


S’abstenir de faire le mal,

Renoncer à l’alcool et à la drogue,

Etre assidu à faire le bien,

Ceci est le plus grand des bonheurs. C


Etre humble et poli,

Se contenter d’une vie simple, être reconnaissant,

Ne pas râter l’occasion d’apprendre le Dharma,

Ceci est le plus grand des bonheurs. C


Etre persévérant et ouvert au changement,

Avoir un contact régulier avec les moines et les nonnes,

Participer à des discussions sur le Dharma,

Ceci est le plus grand des bonheurs. C


Vivre de manière diligente et attentive,

Comprendre les Nobles Vérités,

Atteindre le Nirvana,

Ceci est le plus grand des bonheurs. C


Vivre dans ce monde

Sans avoir l’esprit dérangé par le monde,

Toute souffrance éteinte, demeurant dans la paix,

Ceci est le plus grand des bonheurs. C


Celui et celle qui suivront ces principes,

Partout resteront invaincus.

Où qu’ils aillent, ils seront en sûreté et heureux,

Et ainsi, ils réaliseront le plus grand des bonheurs. C C


Mahamangala Sutta, Sutta Nipata.





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