vendredi 5 octobre 2007

Birmanie ou le retour du Bouddhisme engagé?



Interlude N°6 : Birmanie, suite

Ce message est mis à jour régulièrement

Vous trouverez ci après la suite des rubriques 1 et 2

- Remarques préalables sur le nombre de victimes (suite)
1 - Positions et soutiens de la communauté Bouddhiste (suite)
suite de : 2- Articles et Reportages du 5/10/07



Pour lire le début de ces rubriques :
1 -Birmanie mon coeur saigne ICI
2 -Birmanie libre: LA


Vidéos

Une vidéo AFP : ICI

Liens trouvés sur le blog d'un birman ( déjà cité ) et que l'on peut visionner directement sur le blog : ICI
Pour voir cette vidéo ICI, il vous faudra confirmer (sur youtube) que vous êtes majeur...
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Autres vidéos : ICI +
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- Remarques préalables sur le nombre de victimes (suite)


Pas d'éléments nouveaux par rapport à mes anciens messages :


-Le bilan officiel est toujours de 13 morts
- Selon l'opposition sur place : 200 morts


Pour Rappel :

  • L'ambassadeur australien en Birmanie a affirmé que le nombre de personnes tuées lors des récentes manifestations dans ce pays était bien plus élevé que le chiffre officiellement avancé par le régime birman.
  • Selon le ministre australien des Affaires étrangères, Alexander Downer, le nombre de personnes tuées lors des manifestations serait supérieur à 30
  • Selon le Premier ministre anglais, le nombre de victimes de la répression en Birmanie est "bien plus important" que ne le concède la junte militaire au pouvoir.
  • Selon l'opposition, 200 manifestants ont été tués
  • 138 morts selon une radio en exil
  • Les organisations d’opposition en Thaïlande avancent le chiffre de 200 victimes
  • Selon le Daily Mail : des centaines de morts...
  • La Commission asiatique des droits de l'homme, l'AHRC, fait état de rumeurs inquiétantes selon lesquelles "plus de 200 corps et personnes sérieusement blessées ont été incinérées dans le crématorium de Ye Wei, à l'extérieur de Rangoun".

  • D'après tous les témoignages et articles que j'ai pu citer dans mes précédant messages, le chiffre de 200 est peut-être même encore loin de la vérité.
Des dizaines d'enfants et leurs parents abattus dans la cour d'un lycée. Des activistes brûlés vifs dans le crématorium du cimetière de Yae Way, dans les faubourgs de Rangoun. Le cadavre d'un moine bouddhiste battu à mort flottant dans une rivière....

Sans oublier toutes les personnes disparues, plusieurs monastères sont toujours vides.
Sans oublier les nombreuses personnes (moines et laïcs) torturées après leur arrestations
Et tout ce qu'on ne sait pas encore mais qu'on apprendra un jour ou l'autre...où peut-être jamais....

  • Des pagodes sans moines en Birmanie:
Où sont les moines ? CNN posait cette question, jeudi 4 octobre, en diffusant des images filmées clandestinement en Birmanie. On pénétrait dans une des grandes pagodes de Rangoun, à l'intérieur de laquelle se trouvent habituellement des centaines de moines. Ils n'étaient que trois. A l'extérieur, des soldats montaient la garde.
Source : lemonde





1 Positions et soutiens de la communauté bouddhiste (suite)


Lire le début de cette rubrique :
1 - le soutien du sangha (=soutien de la communauté bouddhiste): avec notamment tous les messages de soutien du sangha et les avis des membres de la communauté bouddhiste, toutes écoles confondues, sur l'engagement pacifiste des moines: ICI

  • L'U.B.F continue de soutenir la Birmanie : son site : ICI



Ci après un article du Monde sur le Bouddhisme engagé.


  • Un courant engagé, en rupture avec une tradition de soumission :

Quand, dans les rues de Rangoun, les moines birmans ont retourné leur bol en signe de refus de l'aumône des militaires, ils ont commis un acte de désobéissance religieuse grave. Dans le bouddhisme, le moine ne vit que d'aumônes... ou il jeûne. En choisissant l'affrontement avec le régime militaire de leur pays, en 1988 et en 2007, les moines birmans participent de fait au "bouddhisme engagé", ce mouvement panbouddhique, non issu d'une école particulière, diffus et peu structuré, né du contact avec la modernité occidentale et l'histoire de ses luttes révolutionnaires.

Le terme a été forgé par le moine vietnamien Thich Nhat Hanh (né en 1926, exilé en France après la victoire communiste au Vietnam). Mais sa figure emblématique est celle du dalaï-lama, chef religieux et politique du Tibet en exil. Ce courant puise aussi ses modèles ailleurs que dans le bouddhisme, chez Gandhi ou les quakers américains.

Il est l'héritier des luttes d'émancipation anticoloniales, auxquelles les moines bouddhistes, dans les pays où ils représentent une force sociale, ont été engagés. A l'instar des moines sri-lankais qui, à la fin du XIX esiècle, ont fait la guerre au colonisateur britannique autour du slogan "Une île, une nation, une religion" . Ils sont encore en conflit avec les Tamouls hindous ou chrétiens.

Le bouddhisme engagé renouvelle l'approche bouddhiste de la compassion. Il considère comme légitime l'opposition aux structures politiques en place pour restaurer un idéal de société juste. Il ne remet pas en cause les notions clés de respect, de non-violence, de compassion, mais se refuse à faire de la souffrance l'état de la seule conscience personnelle. Il existe une souffrance liée aux inégalités sociales, aux crises économiques, à l'oppression politique.

Le bouddhisme engagé représente une rupture radicale avec l'histoire du bouddhisme faite de subordination et de collusion avec les pouvoirs politiques, jusqu'aux plus despotiques : des petits monarques locaux aux colonisateurs et aux régimes marxistes. Pour Eric Rommeluère, spécialiste du bouddhisme, le bouddhisme engagé représente "la prise de conscience d'une dimension politique autre que celle qui a toujours existé chez les bouddhistes, celle d'une entente tacite avec les pouvoirs en place : "Je vous protège ; vous me soute nez"" .

Cette prise de conscience n'est, bien sûr, pas la même dans tous les pays bouddhistes, mais pour beaucoup d'observateurs, le bouddhisme engagé est en passe de devenir la principale composante du bouddhisme moderne.
Henri Tincq pour Le Monde






Le Bouddhisme "engagé" selon le moine Thich Nhat hanh:

Le Bouddha dit qu’il est possible de vivre heureux dans le moment présent, cela c’est déjà une base du bouddhisme engagé. La sagesse profonde c’est de prendre conscience que tout ce que nous avons c’est ce moment présent. Pendant la guerre du Vietnam nous avons vu la mort, la destruction, la colère, la discrimination, etc.
Avec la méditation bouddhique et la compréhension de l’interdépendance, on constate que des deux côtés les gens souffrent, les communistes comme les anticommunistes, les soldats et les civils américains également. Pour tuer il faut devenir moins que des hommes, on a besoin de discrimination, de colère, de haine pour plonger la baïonnette dans le corps de l’autre. Et la machine de guerre nous conditionne, elle nous nourrit de colère, elle nous fait décrire l’autre comme un monstre, un danger à éliminer. Or l’autre est un être vivant comme nous, il a peur de mourir, il a une famille dont il doit prendre soin, c’est la machine de guerre qui l’a placé là pour tuer et pour être tué. Le bouddhisme aide à maintenir vivace cette vision de l’autre, c’est pourquoi les deux parties belligérantes nous attaquent pour notre pacifisme, pour notre fraternité et pour notre compassion. Nos écrits sont interdits par les deux gouvernements du Sud et du Nord, les poèmes et la littérature anti-guerre circulent dans la clandestinité, grâce au Dharma nous avons pu rester humains dans cette machine de guerre. Les bombes tombent sur nos villages, causant des morts et des blessés, on a dû alors sortir des monastères afin d’aider les gens. La méditation c’est aussi être là pour témoigner de ce qui se passe dans le moment présent. Nous voulons soulager la douleur et la souffrance de nos compatriotes, tout en continuant notre pratique, le bouddhisme engagé est né de la situation de guerre, c’est la méditation en action, la compassion en action, et non pas dans l’imagination. La réconciliation est l’unique chance d’arrêter la guerre mais le mot même est banni par les deux camps. Il nous reste à alerter l’opinion publique internationale, en Amérique et en Europe, en lui fournissant des informations sur la réalité de la guerre au Vietnam, sur les aspirations authentiques du peuple vietnamien, composé d’une majorité de paysans et de gens pauvres qui ne veulent pas de la victoire d’un camp mais l’arrêt de la destruction. Les bombes et les mortiers pleuvent, les mass-média appartiennent aux belligérants, le suicide par le feu devient une méthode de communication afin que le message parvienne, et soit compris, en Amérique et en Europe. Il faut beaucoup de courage, de compassion, de sens du sacrifice pour accomplir cet acte, ce n’est pas la colère de la protestation. Je suis sorti du pays pour témoigner auprès des communautés religieuses et intellectuelles, on m’empêche de retourner au pays. Dans l’exil, pour survivre et pour vivre tout simplement, j’ai dû rassembler une sangha. Je continue ainsi à pratiquer le Dharma et je suis amené à le partager avec les autres. Vis-à-vis de nos amis occidentaux notre intention n’est pas de déraciner les gens, car notre propre vécu nous montre qu’une personne déracinée ne peut être heureuse. Nous exhortons donc nos amis, surtout les jeunes, à revenir à leurs traditions, à leur culture, à pratiquer la non-dualité bouddhique pour réintégrer leurs familles, leur propre milieu.
source : ICI





2 Articles et Reportages (suite)



  • La junte purge dans la terreur : Source liberation

Hier à Katmandou (Népal), des bonzes protestaient contre la répression de la junte militaire en Birmanie


Les arrestations se poursuivent, une semaine après l’arrêt violent des manifestations. Les monastères sont particulièrement visés.
A la nuit tombée, la peur s’empare de Rangoun. Une semaine après l répression du soulèvement des moines bouddhistes, les arrestations de participants aux man ­festations se poursuivent dans l’ancienne capitale, l plus souvent la nuit. «D’après nos informations, les arrestations continuent. De nombreux Birmans nous disent qu’une sœur, un frère ou un père ont été emmenés par la police au milieu de la nuit», indique Shari Villarossa, la chargée d’affaires américaine à Rangoun, jointe par téléphone.

Selon Bo Kyi, un Birman vivant en Thaïlande qui dirige l’Association pour l’assistance aux prisonniers politiques, des raids ont été lancés, la nuit dernière, sur deux monastères de Rangoun et tous les bonzes ont été emmenés. Ces arrestations ont eu lieu quelques heures après le départ de Birmanie de l’envoyé spécial des Nations unies, Ibrahim Gambari, venu pour appeler les dirigeants du pays à stopper la répression....






  • Isoler ou non ? Le Myanmar alimente le débat sur les sanctions : lemonde

La répression par la force du mouvement de contestation au Myanmar a relancé le classique débat sur l'efficacité des sanctions. Faut-il isoler le régime au risque de frapper la population ? Faut-il au contraire tabler sur le commerce pour ouvrir progressivement le pays ?...




  • La Chine appelle à la modération sans condamner la répression en Birmanie ICI

Comme on s'en doutait, la Chine ne condamne même pas la répression en Birmanie, mais au fait, quelle répression ?.....



  • L'ordre règne à Rangoun … ICI

Sur place, la junte semble avoir complètement maté les manifestations, l’ordre règne à nouveau à Rangoun…il faut dire que les rassemblements populaires de la semaine dernière ont été violemment réprimés par les forces de sécurité.



  • La Birmanie reconnaît des arrestations massives: le figaro

La junte birmane a reconnu avoir arrêté plus de 700 moines bouddhistes durant la répression des mouvements de contestation dans le pays mais a également affirmé que la majeure partie d'entre eux avaient été libérés.

On est bien loin du compte : plus de 1500 moines auraient été arrêtés et il y a encore des monastères vides, il est donc impossible que la majeure partie d'entre eux aient été libérés!


  • La junte entendra t'elle le message des moines? anussati

Des centaines de milliers de personnes se sont jointes aux bonzes qui manifestent pacifiquement depuis le 18 septembre. Le journaliste birman en exil Aung Zaw applaudit l’intelligence de ces protestations qui déstabilisent les généraux

Avez-vous déjà tenu un tigre par la queue ? Non ? Eh bien, vous pouvez toujours demander aux généraux birmans de vous faire bénéficier de leur expérience. Le général Ne Win, auteur du coup d’Etat militaire de 1962 [et aujourd’hui décédé], a un jour attrapé un tigre par la queue et ne l’a jamais lâché. Le général, inventeur de la “voie birmane vers le socialisme” et responsable de l’isolement volontaire du pays, n’a pas tardé à comprendre que sa politique de nationalisations courait à l’échec. En 1965, trois ans après le putsch, il prononça devant des journalistes et des hommes politiques cette phrase devenue célèbre : “C’est comme si j’avais tenu un tigre par la queue.” Avant d’ajouter : “Mais je n’avais pas d’autre solution que de m’y accrocher.”

Aujourd’hui, le tigre se réveille. Les moines bouddhistes sont sortis de leurs monastères pour défiler dans les rues, et la population les a rejoints dans ce qui n’est pas loin de ressembler au soulèvement de 1988 [ce mouvement massif de protestation avait été violemment réprimé par les militaires, faisant 3 000 morts]. Mais, cette fois, les manifestations sont différentes. Elles ont débuté de façon assez simple, quand des membres du groupe Génération 88 [formé par d’anciens prisonniers politiques condamnés après les manifestations de 1988] ont défilé dans les rues de Rangoon le 19 août.

Comme il fallait s’y attendre, les généraux ont joué la carte de la répression, faisant arrêter et incarcérer plus de 400 personnes. Mais la manifestation des dirigeants de Génération 88 a fait vibrer une corde sensible dans l’opinion publique. Ils défendaient les citoyens ordinaires, scandalisés par la hausse spectaculaire et inattendue des prix des carburants et des biens de consommation courante. La répression contre les responsables du groupe n’a fait que jeter de l’huile sur le feu.

C’est là qu’interviennent les bonzes qui, pendant des années, avaient gardé le silence dans leurs monastères. Quand ils sont descendus dans la rue et qu’ils ont été malmenés et passés à tabac le 5 septembre, à Pakokku, dans le centre du pays, la brutalité des autorités a mis en fureur la sangha [la communauté monastique]. Elle a exigé des excuses du régime, qui a répondu par le silence. Ce qui s’est passé depuis est l’exemple même de ce que doit être l’action politique de rue. Certains y voient l’expression d’une stratégie très maîtrisée qui sous-tendrait les manifestations actuelles. Tout au long de la semaine écoulée, les moines ont envoyé des messages clairs au monde extérieur et au peuple birman.

Tout d’abord, ils ont défilé vers des pagodes, non vers des édifices publics, revendiquant ainsi leur supériorité sur le plan moral et rendant difficile une intervention de l’armée. Ensuite, ils se sont rendus devant l’ambassade de Chine, où ils ont entonné la Metta Sutta, l’enseignement du Bouddha sur l’amour universel, adressant ainsi un message à ceux qui soutiennent la junte.

L’histoire risque fort de se répéter

Enfin, ils se sont rendus devant le domicile de la chef de file de l’opposition et Prix Nobel de la paix 1991 Aung San Suu Kyi, qui est apparue devant eux, s’unissant symboliquement au combat des moines. [Après la victoire de son parti aux élections de 1990, elle a été assignée à résidence à son domicile. Elle y a passé plus de onze des dix-huit dernières années.] Et, à présent, les moines appellent la population à leur “prendre la main”.

Un nouveau tigre est lâché, un tigre que la junte aura plus de mal à maîtriser. Pour l’heure, le chef de la junte, le général Than Shwe, et ses acolytes tiennent le fauve par la queue. Mais si, dominés par leur peur, ils refusent de le lâcher, l’histoire risque fort de se répéter sous nos yeux. La vague de protestations conduite par des milliers de moines a ébranlé un régime autrefois sûr de lui, qui a pris le contrôle du pays par les armes. Le Myanmar est, de toute évidence, une bombe politique à retardement susceptible d’exploser à tout moment.

Grâce à leurs manifestations pacifiques et à leur détermination, les bonzes ont volé la vedette aux généraux et insufflé une énergie nouvelle au fragile mouvement d’opposition. Mais qu’en est-il de la communauté internationale ? Tout ce que nous voyons, c’est encore et toujours des voisins égoïstes, opportunistes et mal informés qui sont prompts à exploiter les ressources de notre pays, mais répugnent à appuyer des mouvements en faveur du changement politique. Les Nations unies et l’Occident s’en tiennent à leur stratégie qui consiste à “suivre de près” les événements. Les émissaires spéciaux de l’ONU se succèdent, sans résultat. En injectant d’infimes doses de bonnes nouvelles dans un océan de mauvaises, ils mettent tout sur le même plan et ne rendent guère service au peuple birman.

Les moines, les militants et leurs partisans sont les véritables héros de cette étape de l’histoire birmane. Mais ils sont réalistes. Ils comprennent fort bien qu’il n’existe ni raccourci ni remède miracle pour guérir le pays de ses maux. Reste qu’ils savent mieux que quiconque comment s’opposer au régime et résoudre les problèmes. Ils savent que le Myanmar ne peut pas se permettre de perdre encore de nombreuses années. Et ils adressent le message suivant aux généraux : lâchez la queue du tigre !

Aung Zaw The Irrawaddy






  • Conséquences internationales graves : lemonde
De retour de mission, où il a rencontré les acteurs de la crise, l'émissaire des Nations unies, le Nigérian Ibrahim Gambari, a alerté ses collègues du Conseil de sécurité sur la gravité de la situation dans le pays.
Il a déclaré que le "mécontentement vif et largement répandu" de la population birmane pourrait avoir "des conséquences internationales graves".

L'émissaire s'est dit inquiet des informations faisant état, une semaine après la fin des manifestations, de violences et d'arrestations nocturnes. Il a exhorté la junte à libérer "tous les prisonniers politiques". Surtout, M. Gambari a remis en cause le bilan officiel de la crise, qui met en avant une dizaine de tués. Les diplomates occidentaux estiment ce chiffre largement sous-estimé.


  • Des pagodes sans moines en Birmanie: ICI


Où sont les moines ? CNN posait cette question, jeudi 4 octobre, en diffusant des images filmées clandestinement en Birmanie. On pénétrait dans une des grandes pagodes de Rangoun, à l'intérieur de laquelle se trouvent habituellement des centaines de moines. Ils n'étaient que trois. A l'extérieur, des soldats montaient la garde. De nombreux moines ont été arrêtés, et les autres se sont enfuis, craignant de subir le même sort, disait un étudiant.

Selon un témoin, les arrestations nocturnes se poursuivent, visant tous ceux qui ont été identifiés, sur des photographies ou des vidéos, comme ayant participé au mouvement de protestation.
CNN montrait également une scène de répression de rue contre des civils. On voyait un officier hilare commandant à ses hommes de faire monter un par un dans un camion des manifestants qui tiennent leurs mains croisées au-dessus de leur tête.
Ces derniers sont frappés à coups de bâton avant d'être emmenés vers une destination inconnue. Sur d'autres images volées, on aperçoit la chaussée couverte de sandales abandonnées par des manifestants après une charge. Ces images sont relativement rares. Les impressionnants cortèges de moines marchant dans les rues ont fait le tour du monde, alors que les images de la répression sont peu nombreuses et parcellaires.




  • Birmanie : ce n'est hélas pas la fin d'une époque! ICI

L'armée birmane est extrêmement isolée des civils. Ses officiers, au fil des années de dictature militaire, sont devenus une véritable caste impénétrable, séparée du reste des Birmans. Elle jouit de grands privilèges. Les soldats de l'armée birmane sont des garçons de la campagne — pas un ne vient de Rangoon ou de Mandalay, les villes les plus importantes. Le régime est allé jusqu'à transférer la capitale de Rangoon à la «ville» récemment construite de Naypyidaw, laquelle ressemble davantage à une jungle et dont la seul vocation est d'héberger le gouvernement. Elle sert donc aussi à renforcer l'isolement social des soldats et des employés de l'État.

Ainsi, lorsque les manifestants ont à nouveau investi les rues des grandes villes birmanes plus grandes au bout de 19 ans, guidés cette fois par des moines dont le prestige laissait croire à beaucoup que l'armée n'oserait pas les toucher, le régime a tout simplement recommencé à tuer. Cette fois, le nombre de victimes ne dépasse vraisemblablement pas le dixième de celui de 1988 car la population a vite compris le message : en cas de contestation du régime, personne n'est à l'abri de ses représailles. Pas même les moines.

Les Birmans placent désormais tous leurs espoirs dans une intervention étrangère. Mais il n'en a jamais été question. D'ailleurs, les forces étrangères n'ont jamais joué un rôle décisif dans les révolutions pacifiques qui ont abouti à une ouverture. Tôt ou tard, l'extraordinaire corruption des officiers haut gradés de l'armée détruira sa discipline. En attendant, la Birmanie connaîtra sûrement encore des années de tyrannie, avec Aung San Suu Kyi, le héros qui incarne la démocratie birmane — assigné à résidence de manière semi-permanente — pour seul témoin.

Malgré tout, ce n'est pas la fin d'une époque. Ailleurs, les actions pacifiques ont encore une chance raisonnable de vaincre d'autres régimes répressifs. Hélas, cela n'a jamais marché dans le cas de la Birmanie.





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