mercredi 14 novembre 2007

Pleure Birmanie Chérie : Arrestation de U Gambira, leader de "All Burma Sangha Coalition"


Que les gouvernants soient justes;
Que les accablés soient consolés ;
Que les effrayés soient rassurés;
Que les affligés soient réconfortés;
Que tous les êtres soient heureux.




- A la fin de ce message: la suite de la rubrique "Articles et Reportages" : mise à jour au 15 novembre-




U Gambari: L'auteur de "Cry, my beloved country": "Pleure Birmanie chérie, pleure mon pays bien aimé", a été arrêté!

"En tant que bonzes, dans le cadre de nos vœux, nous estimons de notre devoir de soulager la souffrance, où que nous la voyions. Nous ne pouvions fermer les yeux sur la misère de notre peuple. Quand nous avons constaté que les bonzes étaient unis, nous avons formé la Sangha Coalition" (U Gambira)

Ce moine étant considéré comme un traitre par la junte, la sanction pour lui risque d'être la prison à vie ou la peine de mort ! ne l'oublions pas.



Le 1er novembre, dans mon message intitulé "Birmanie pas à pas" j'ai publié un commentaire sur la situation en Birmanie, fait par U Gambira intitulé : "Pleure Birmanie chérie; pleure mon pays bien aimé" (commentaire reproduit en entier ci après)

U Gambira, pseudo utilisé par l’un des moines qui a dirigé les marches dans les rues de Rangoon, lançait alors de Birmanie, dans ce commentaire, un appel à la communauté internationale.
En tant que leader de "All Burma Sangha Coalition" (
leader de l’Alliance de tous les moines bouddhistes de Birmanie), il était obligé de se cacher pour ne pas être arrêté!

J'avais trouvé ce commentaire tellement important, que je l'avais également publié sur le site Karuna : ICI



Or, c'est avec grande tristesse, que j'ai appris ce mercredi matin, son arrestation:

La junte militaire en Birmanie a arrêté un moine bouddhiste qui a joué un rôle clef dans le puissant mouvement de protestation du mois de septembre

U Gambira (pseudo) a été arrêté le 4 novembre "Il était un dirigeant des moines", a confirmé Aung Kyaw Oo, qui travaille pour l'Association d'assistance aux prisonniers politiques birmans (AAPP) basée en Thaïlande. "Nous ne sommes pas en mesure de dire exactement (où il se trouve) mais je pense qu'il doit être maintenant dans un centre d'interrogatoire", a ajouté Aung Kyaw Oo.
Le magazine "Irrawaddy", dirigé par des dissidents birmans en exil, a indiqué sur son site web que U Gambira était un leader de l'Alliance de tous les moines bouddhistes de Birmanie, et qu'il avait été appréhendé après avoir passé environ un mois dans la clandestinité
source: irrawaddy

Malheureusement, il s'agit bien du "leader de l’Alliance de tous les moines bouddhistes de Birmanie" U gambira, dont j'avais publié le commentaire.


Information en anglais:
Three Burmese dissidents, including civil rights champion Su Su Nway, were arrested in Rangoon on Tuesday morning, according to reliable sources. Two activist monks who took part in the September demonstrations were also arrested by authorities earlier this month.
Brazilian Paulo Sergio Pinheiro, the United Nations human rights envoy to Burma.
The two monks included U Gambira, leader of the Alliance of All Burma Buddhist Monks, which played a significant role in the September demonstrations. He had been in hiding since the demonstrations were violently suppressed by the authorities. Members of his family were then arrested for maintaining contact with him. ( lire la suite: cptc2.blogspot)




Vu l'importance de cette information, encore très peu relayée à ce jour, je l'ai publié sous forme d'une brève, sur le site Karuna

U gambari n'est pas le seul à avoir été arrêté ces jours ci, ainsi la junte continue ses arrestations d'opposants au régime, alors même que L'émissaire des Nations Unies pour les droits de l'homme arrivait en Birmanie...
Cela n'est vraiment pas rassurant pour l'avenir.





Pour rappel, voici l'intégralité des propos récents de U gambira, sur la situation en Birmanie, à lire ou à relire:


Pleure, Birmanie chérie ! Pleure mon pays bien-aimé....

Par U GAMBIRA et Ashin NAYAKA

Depuis l’introduction du bouddhisme dans notre pays il y a plus de 1 000 ans, les bonzes constituent l’un des principaux visages de la Birmanie.

L’éthique du bouddhisme theravada interdit à un bonze de s’engager politiquement ou d’occuper un poste politique.
Mais en Birmanie aujourd’hui, alors que les bonzes remettent en question l’hégémonie de la junte militaire, cette philosophie spirituelle qui s’enracine dans la compassion et la non-violence a fini par acquérir une certaine dimension de défi et de réticence à l’égard du pouvoir.

Nous sommes tous deux bonzes : l’un de nous est universitaire, il enseigne aux USA, et l’autre dirige l’All Burma Sangha Coalition à l’origine des récentes manifestations. Ce dernier se cache, parce que le gouvernement militaire birman a répondu aux manifestations pacifiques de nos frères bouddhistes par la violence et la brutalité.

Beaucoup de bonzes et de nonnes ont été victimes de cette violence et les milliers de personnes qui ont été arrêtées continuent à la subir. Plus de mille personnes ont disparu, beaucoup d’entre elles sont probablement décédées.

Il y a quelques semaines, les bonzes de Birmanie ont commencé à manifester, à prier et à répandre une forme de bienveillance dans une tentative de résolution pacifique des problèmes de notre pays.

La Birmanie est riche en ressources naturelles, mais la population est misérable. Elle a été touchée de plein fouet et son désespoir a atteint un abîme lorsque le gouvernement a augmenté brutalement et arbitrairement le prix de l’essence, multiplié par cinq du jour au lendemain.

En tant que bonzes, dans le cadre de nos vœux, nous estimons de notre devoir de soulager la souffrance, où que nous la voyions. Nous ne pouvions fermer les yeux sur la misère de notre peuple. Quand nous avons constaté que les bonzes étaient unis, nous avons formé la Sangha Coalition.

Ceux d’entre nous qui étudient ou enseignent actuellement à l’étranger sont également unis et soutiennent ceux qui se trouvent en Birmanie. Mais ce ne sont pas seulement les bonzes qui sont unis. Car lorsque nous avons commencé à manifester pacifiquement en faveur du changement, les étudiants, les jeunes, les intellectuels et les citoyens ordinaires se sont joints à nous sous la pluie.

Nous pensions que certains des généraux, peut-être même tous – ils sont eux-mêmes bouddhistes – qui contrôlent le pays auraient été un tant soit peu à notre écoute pour tenter de remédier aux nombreux maux qui affligent la Birmanie.

Au début, nous avons montré notre désapprobation à l’égard du régime militaire en refusant de recevoir leurs dons. Nous avons porté en position renversée les bols dans lesquels nous recevons les dons de nourriture, ceci pour traduire nos sentiments.

Nous n’avons pas perdu notre bienveillance à l’égard des simples soldats ni même à l’égard des chefs qui leur ont donné l’ordre de brutaliser leur propre population, mais nous voulions les appeler à changer alors qu’il était encore temps.

Nous savons qu’au sein de l’armée et dans des organisations proches du régime, certains étaient réticents à employer la violence contre les bonzes. Nous disons à ceux qui exercent des violences contre leurs compatriotes d’arrêter et de se demander si leurs actes sont en accord avec le dharma (l’enseignement du bouddhisme) et s’ils agissent pour le bien de la population birmane.

Des soldats qui avaient reçu l’ordre d’utiliser la violence contre nous et de nous empêcher de marcher ont refusé, car ils avaient compris ce que nous faisions.

Pour sauvegarder l’unité du pays, nous espérions ouvrir une voie de sortie aux dirigeants militaires, le moyen d’entamer un véritable dialogue avec les véritables dirigeants du peuple et les dirigeants des différents groupes ethniques. Mais cet espoir a été de courte durée. Le régime pourchasse maintenant ceux qui ont participé aux manifestations et commet des actes d’une violence indicible. Ils ont assiégé les monastères et arrêté des bonzes et des nonnes. Policiers et soldats sont partout, dans les rues, autour des pagodes et dans les quartiers résidentiels.

Des manifestants blessés auraient été enterrés vivants dans des charniers et des informations fiables font état de cadavres dans les eaux à proximité de Rangoun.

Tandis que le régime brutalise le peuple birman, il ment au reste du monde.
Le général de brigade Kyaw Hsan, un représentant des militaires, a récemment déclaré à l’envoyé spécial de l’ONU, Ibrahim Gambari, que les manifestants étaient de « faux bonzes ».
Mais nous sommes de vrais bonzes, et des milliers d’entre nous – à Rangoun, Mandalay, Pegu, Arakan, Magwe et Sagaing – ont manifesté en faveur de la paix.

On a dit que le soulèvement de Birmanie était terminé. La junte veut que l’opinion publique internationale croit qu’il en est ainsi. Mais nous pensons que ces manifestations constituent le début de la fin du régime dans notre pays.

Les généraux qui ont ordonné la répression ne s’en prennent pas seulement au peuple birman, mais aussi à leur propre cœur, à leur propre âme et à leurs valeurs spirituelles. Les bonzes sont les gardiens du dharma. En s’en prenant à eux, les généraux s’en prennent au bouddhisme lui-même.

Nous savons que la communauté internationale essaye de nous aider, mais cette aide doit être plus efficace. Nous remercions les nombreuses personnes et organisations à l’étranger qui nous aident à regagner nos droits bafoués depuis plus de 40 ans. Nous appelons aussi la communauté internationale à un soutien plus concret et plus vigoureux. Le régime militaire fera tout ce qu’il pourra pour rester au pouvoir, aussi sa violence doit-elle être exposée au monde. Ils peuvent bien contrôler la rue et les monastères, ils ne pourront jamais se rendre maîtres de nos cœurs ou étouffer notre détermination.

Par U GAMBIRA (pseudo utilisé par le dirigeant de l’All Burma Sangha Coalition) et Ashin NAYAKA (fondateur de la Société missionnaire bouddhiste)
Pour l'Orient LE JOUR








En espérant que U gambira ne sera pas tortuté, comme l'ont été de nombreux moines.


De toute évidence je ne suis pas la seule à avoir peur pour la santé de U Gambira: Je viens de lire sur le site irrawaddy:

"I am very worried about U Gambira,'' Bo Kyi, the head of the association said in an e-mail to The Associated Press."I fear he will be tortured.''


Regarder de très belles photos : ICI



Pour rappel:

U Thilavantha, supérieur adjoint du monastère de Myitkyina;
arrêté et torturé; mort des suites de ses blessures.



Liste des morts (répertoriés à ce jour) des disparus, des prisonniers.. : ICI



Articles et Reportages (suite)


15 novembre

  • En Birmanie, la responsabilité de Total est entière
Depuis la réception à l’Elysée du Premier ministre du gouvernement birman en exil, le 26 septembre, la direction de Total se répand dans les medias pour y asséner "ses" vérités, qui sont parfois fort éloignées de la réalité.

Mieux, ou pire, Christophe de Margerie, patron de Total, a réitéré, le 16 octobre devant les membres de la Commission des affaires étrangères de l’Assemblée nationale, les mêmes contre-vérités qu’il avait infligées aux lecteurs du Monde le 6 octobre précédent.

M. de Margerie répète qu’en cas de retrait de Birmanie, Total serait immédiatement remplacé par des compagnies chinoises, indiennes, sud-coréennes ou japonaises. Il s’avère que la réalité est autre.

En effet, depuis que le pétrolier américain Chevron a racheté en 2005 Unocal, le partenaire historique de Total dans le projet Yadana, les Américains cherchent à se retirer du guêpier birman et n’y parviennent pas. Pour une raison soigneusement occultée par les porte-parole de Total. D’abord, si Chinois, Indiens, etc sont avides de gaz birman, c’est pour approvisionner leurs propres marchés fortement demandeurs d’énergie. Or, le gisement de Yadana ne peut qu’approvisionner que la seule Thailande, par le gazoduc existant.

D’autre part, le contrat liant Total, Unocal et le thailandais PTT à la Moge, l’émanation pétrolière de la junte birmane, prévoit des clauses de sortie du consortium assez léonines, si aucun des partenaires ne souhaite reprendre la part du partant, ce qui est le cas. En fait, un départ de Total de Birmanie coûterait cher et cela, le pétrolier le refuse(...)
Lire cet article de rue89 en entier : ICI


14 novembre:

  • Situation toujours tendue en Birmanie:
En Birmanie, six semaines après la violente répression de manifestations, la junte militaire contrôle la situation. C’est ce qu’affirme un vice-ministre birman de la Défense. De son côté, le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme Paulo Sergio Pinheiro se plaint de ne pas pouvoir parler aux interlocuteurs non gouvernementaux, tandis que l’envoyé spécial des Nations-Unies Ibrahim Gambari a remis au Conseil de sécurité un rapport mitigé.

La junte birmane n’acceptera aucune ingérence étrangère, dangereuse pour la souveraineté du pays. C'est le message clair qu'un des vice-ministres birmans de la Défense a adressé aux pays voisins mais aussi aux Nations-Unies, et notamment à leurs représentants. Paulo Sergio Pinheiro achève demain sa mission sur place, la première depuis 2003, et il s’est plaint de ne pas pouvoir rencontrer des interlocuteurs non officiels, des détenus par exemple. Le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’homme a par ailleurs fait part de sa préoccupation après l’arrestation de trois jeunes militants qui distribuaient des tracts antigouvernementaux, un jour après celle de la militante Su Su Nway, entrée dans la clandestinité après la répression des manifestations en septembre. Selon des médias dissidents, un des moines qui a dirigé ces mouvements de protestation a également été arrêté aujourd’hui. (Il s'agit de U gambari)

Ces informations contredisent une partie du rapport qu’Ibrahim Gambari a remis au Conseil de sécurité, et dans lequel il fait état de résultats positifs.
source : ICI


  • Bouddhisme engagé; Non-Violence; Pacifisme (un article de Tinh Ý pour Karuna)
sommaire de cet article:
Bouddhisme engagé
La Non-Violence
Ghandi
Martin Lutther King
Le Pacifisme
La désobéissance civile
Conclusion

Lire cet article : ICI

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Merci pour ce précieux travail d'information. C'est terrible car la Birmanie s'efface peu à peu de la une des média alors que la répression continue de plus belle.

Catherine a dit…

Oui en ce moment il y a un véritable silence médiatique. Parfois le silence tue.