vendredi 28 décembre 2007

Enseigner le Bouddhisme





Ne pas faire le mal, accomplir ce qui est bien, purifier son esprit c'est là tout l'enseignement de l'Eveillé.



Extraits de : Lohicca Sutta : Les enseignants dignes de blâme:

si le Dhamma est quelque chose qu'on doit réaliser par soi-même, quel est donc le rôle d'un enseignant? N'y a-t-il des enseignants qui méritent une quelconque forme de critique?
La réponse du Bouddha inclut un ample résumé de toute la voie de la pratique:
1- il y a celui qui n'est pas encore accompli dans la noble pratique et qui enseigne à des élèves qui ne l'écoutent pas;
2-celui qui n'est pas encore accompli dans la noble pratique et qui enseigne à des élèves qui pratiquent comme il leur enseigne et atteignent à l'émancipation;
3- celui qui est pleinement accompli dans la noble pratique, mais qui enseigne à des élèves qui ne l'écoutent pas.
4- L'enseignant digne d'éloges est celui qui est pleinement accompli dans la noble pratique, et enseigne à des élèves qui pratiquent comme il leur enseigne et atteignent à l'émancipation.



Plan de ce message:
  • Enseigner le Bouddhisme, Par Chris Ward
  • Rappel : Pourquoi et Comment lire les sutta


  • Enseigner le Bouddhisme, Par Chris Ward


Comment apprenons-nous le bouddhisme ?

Une question qui conduit tout naturellement à se demander : comment le bouddhisme (théravada) est-il enseigné ?

Immédiatement après son éveil, le Bouddha estima qu’il serait trop difficile et ennuyeux d’enseigner ce qu’il venait de réaliser, ce qu’on a appelé la grande hésitation.

C’est seulement après l’intercession de Brahmâ Sahampati que le Bouddha se laissa fléchir et accepta le fardeau d’enseigner.


L’intention d’enseigner n’est donc pas le résultat inéluctable de l’Éveil mais un exemple d’un acte de compassion. C’est un acte de générosité.

La non-inévitabilité d’enseigner est soulignée par le groupe d’êtres éveillés qui n’enseignent pas (les pacceka buddha) que l’on considère comme ayant atteint seuls l’Éveil et qui, se satisfaisant de la solitude, ne deviennent pas des « enseignants des dieux et des hommes ».

Il me semble que beaucoup de pratiquants occidentaux supposent que l’enseignement du Dhamma est la tâche des moines et des nonnes.
Et pourtant, ce n’est pas forcément le cas.

Nous avons la chance que le Sangha de la Forêt a suscité une série de grands maîtres et pourtant tous les moines et les nonnes n’enseignent pas, même après avoir porté la robe depuis des années.


Avant d’enseigner aux autres, il faut peut-être aspirer à pratiquer jusqu’à atteindre un certain degré de maturité spirituelle.
Ou peut-être y a-t-il un manque d’envie d’enseigner et une pratique consistant à offrir ses services d’autres façons - comme par exemple en apportant appui et formation aux moines et aux nonnes plus jeunes.

Le fait que l’enseignement est donné comme un acte de générosité sous-tend tout ceci.
Il est gratuit. Un acte de générosité n’est pas une obligation, un devoir ou un échange commercial, mais quelque chose de donné librement.

Ceux qui enseignent, parmi les moines et les nonnes du Sangha de la Forêt, adoptent souvent la manière d’Ajahn Chah de ne rien préparer (ou pas grand-chose) et de parler de façon directe de ce qui est une préoccupation ou une réflexion du moment.

Ceci provoque une qualité d’immédiateté et de « vie » dans les interventions et est un exemple du Dhamma en pratique.
L’orateur est au fait de la situation présente, à la fois intérieurement et extérieurement, et démontre une confiance dans la façon dont les événements vont naturellement évoluer.

Cette politique de l’absence de préparation, qui pourrait aussi être vue comme une façon délibérée de demeurer dans l’incertitude, est difficile à suivre.
Elle demande de l’assurance, l’acceptation de l’échec (aux yeux du monde) et elle éclaire douloureusement la peur du ridicule et le désir de faire une intervention parfaite (ou même utile).

Entendre une intervention sur le Dhamma donnée de cette manière est une expérience puissante car elle peut nous toucher à un niveau intuitif tout en donnant des informations sur des aspects des enseignements.

Étant donné la nature de ces interventions, elles ne suivent pas un « curriculum » et elles peuvent répéter des thèmes connus, ou ne sembler fournir que quelques morceaux d’un puzzle beaucoup plus grand.

Toutefois, sur une période de temps assez longue et avec de la persistance, bien des pratiquants obtiennent suffisamment d’indications pour construire graduellement une carte ou un modèle de ce qu’est la voie du bouddhiste.

Les indications peuvent mener à des livres et des textes, peuvent mener à une pratique mieux centrée ou peuvent être comprises en questionnant un pratiquant laïc ou un moine.

Demeurer sans cesse dans l’impréparation et l’incertitude pourrait conduire au renvoi pour un enseignant dans de nombreuses écoles ou universités.

Mais je sais que de nombreux enseignants et conférenciers expérimentés se lancent et donnent des cours non préparés lorsque les circonstances le demandent.

La façon la plus courante pour enseigner dans les écoles et les collèges est d’utiliser un programme et de le transmettre dans une série de cours de façon soigneusement structurée à une audience sélectionnée.

L’avantage de cette méthode pour un étudiant motivé est qu’un modèle mental cohérent et global peut être construit. Les concepts et les termes peuvent être appris et leur sens obtenus en les appliquant à la discipline en cause.

Cependant, le bouddhisme n’est pas seulement la digestion d’un assortiment de doctrines (pariyatti) et l’étude d’un vocabulaire spirituel ; c’est plus global que ça.
Il soutient un développement complet du caractère. Et non seulement les qualités, la motivation et l’intégrité du « maître » sont une bonne partie de ce qui est enseigné mais le « vocabulaire » doit être médité et utilisé s’il se révèle utile et aide à nous libérer de dukkha.

Source : vivekarama








(Rappel) Pourquoi et comment Lire les sutta, par Michel Henri Dufour:


Pourquoi lire les Sutta:

Les Sutta représentent la source fondamentale des enseignements du bouddhisme Theravada.
.. Il n’est pas nécessaire de se demander si les Sutta rapportent exactement les paroles du Bouddha historique, personne n’est de toute façon en mesure de l’affirmer ou de l’infirmer.
Il suffit de garder présent à l’esprit que les enseignements des Sutta ont été pratiqués, souvent avec succès, par d’innombrables disciples au fil des siècles depuis environ 2 600 ans.

Si l’on désire véritablement savoir si les enseignements fonctionnent il est nécessaire d’étudier les Textes et de les mettre en pratique. Ils présentent en effet un ensemble complet et cohérent offrant un guide permettant au disciple de partir du niveau où il se trouve, quel que soit ce niveau (sceptique, dilettante, laïc dévot, moine ou nonne) et d’accéder à la maturité spirituelle.

Au fur et à mesure du parcours le pratiquant s’apercevra qu’il lui est de moins en moins utile d’emprunter à d’autres traditions spirituelles car les Sutta contiennent tout ce qui est nécessaire à la délivrance de l’insatisfaction existentielle (dukkha).

Le Bouddha dit à cet effet : « De même que l’océan ne possède qu’une saveur, celle du sel, mon Enseignement ne possède qu’une saveur, celle de la délivrance. ».

Au cours des lectures il sera fréquent de rencontrer des enseignements qui remettront en
question, voire contrediront, notre compréhension actuelle du Dhamma.
Ces conflits apparents ne sont pas des incohérences dans les Sutta mais un signe que les Textes en question nous ont entraînés à la limite de notre compréhension.
En contemplant ces obstacles et en réfléchissant profondément les conflits vont se résoudre et de nouveaux horizons se dévoiler...

Comment lire un Sutta:


Au cours de nos lectures nous devons constamment garder à l’esprit quelques principes généraux ainsi qu’un certain nombre de questions permettant de situer le Sutta par rapport à notre condition présente, notre pratique et notre but.

Principes généraux:

– Il n’existe aucune traduction définitive d’un Sutta.

– Aucun Sutta ne contient tous les enseignements.

– Il est vain de chercher à savoir si un Sutta rapporte exactement les paroles prononcées par le
Bouddha.

– Si l’on est rebuté par un Sutta il faut le mettre de côté provisoirement et le relire plus tard, jusqu’à ce qu’il évoque une réponse et qu’il soit signifiant pour notre pratique.

– Un bon Sutta est celui qui incite à en abandonner la lecture. Puisque le but de la lecture des Sutta est d’inspirer à développer une vue correcte, à vivre une vie de qualité et à méditer efficacement, si l’on ressent la nécessité de poser le livre et d’essayer immédiatement, le Sutta aura rempli son office.

– Lire un Sutta à voix haute du début à la fin est une bonne pratique.

– Essayer de remarquer les différents niveaux d’enseignement du Sutta, en contemplant la façon dont le Bouddha dans son exposé utilise lui-même et met en application ce qu’il prône.

– Ne pas sauter les répétitions même si elles paraissent ennuyeuses et lourdes. Elles possèdent souvent de légères variations qu’il ne faut pas négliger.

– Discuter du Sutta avec un ami sur la Voie ou un membre de la Communauté monastique.

– Apprendre un minimum de pali afin de creuser les différentes acceptions des mots, leur étymologie, pour être à même de comprendre et jauger les différentes traductions proposées par les auteurs.

– Lire ce que les commentateurs, anciens ou modernes, ont écrit à propos du Sutta.

– Offrir au Sutta le temps de la maturation. Un Sutta n’est pas une énigme à résoudre sur le champ, il peut se révéler sous ses différents aspects longtemps après sa lecture.

source : vademecum bouddhique de M.H. Dufour : ICI



- De nombreux enseignements de Maîtres et des sutta sont à votre disposition sur ce blog, pour les trouver voir le plan détaillé du blog : ICI




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