lundi 31 décembre 2007

Méditation et tranformation

photo: isarablog



Comme pour tous les autres messages de ce blog, pour en savoir plus, cliquer sur les mots surlignés en bleu.



Plus de 6 mois après ma "retraite intensive", je ne vois plus les choses de la même manière.

Mon approche du bouddhisme et de la méditation a beaucoup changé.

L'
impermanence existe à tous les niveaux.

Parfois j'ai l'impression d'avoir avancé, d'autres jours j'ai l'impression d'avoir reculé.

Mais le plus significatif, c'est que je commence seulement à comprendre véritablement pourquoi je médite. Je ressens mieux les choses.

J'ai suivis d'autres retraites depuis cette retraite intensive dont j'ai fait le récit, et je sais maintenant que peu importe pour moi de suivre une
retraite intensive ou non intensive.

Par ailleurs, avant de faire cette retraite intensive de 10 jours, j'avais fait d'autres retraites, mais plus courtes et moins "intensive" dirons nous...
J'étais alors persuadée qu'une retraite intensive de 10 jours allait me transformer et me permettre d'avancer beaucoup plus vite sur le chemin!
Aujourd'hui, je suis incapable de vous dire si ma transformation est liée à cette retraite ou au fait que je continue de méditer tous les jours, de lire des enseignements et surtout des sutta, au moins un tous les soirs juste avant de m'endormir.
Sans doute est-elle liée à tout un ensemble de chose, y compris mon kamma.


Comme je l'expliquais déjà dans la présentation de ma retraite:

Il n'y a rien de miraculeux dans le Bouddhisme : il y a de la compassion, de la bienveillance, de la sagesse, mais pas de miracle...

Ce serait une erreur de penser que seule une seule pratique permet d'avancer sur le chemin. Il existe d'autres formes de Retraite et ce qui compte c'est la Foi, la confiance.
Chacun choisi sa "voie", son "chemin", sa "méthode" ou sa "manière" de pratiquer le dhamma.

Aucun chemin n'est plus rapide qu'un autre, mais chaque personne étant différente, certains chemins sont mieux adaptés à notre personnalité. Mais ils conduisent tous au même endroit, même si ils sont différents.

Marcher sur le chemin prend du temps, des années et souvent une seule vie ne suffit pas, alors 10 jours, c'est une goutte d'eau.
Pourtant, se mettre temporairement à l'écart en faisant une retraite, (peu importe le type de retraite) permet ensuite de mieux pratiquer le dhamma dans la vie de tous les jours, de mieux intégrer la pratique dans les situations de la vie quotidienne


La manière dont je médite a également changé.

Je continue de méditer matin et soir et tous les jours, mais je pratique davantage le calme mental
(samatha)

Sans le "calme mental", je suis incapable de voir quoi que ce soit et donc incapable de voir les choses comme elles sont.

Avant, je pensais que c'était possible de méditer et d'observer dés le début, maintenant j'ai besoin de calmer mon mental au début de ma méditation, même si il est vrai que le fait d'observer les choses calme le mental.


C'est pour ça que j'ai ajouté dans mon blog plusieurs messages sur la Respiration, afin d'équilibrer samtha et
vipassana.

En réalité je n'ai plus aucun programme, plus aucune méthode.
Je veux dire par là que je ne cherche plus à observer "coute que coute" ou à être attentive "coute que coute": l'observation arrive d'elle même une fois que mon esprit agité se calme. Et si elle n'arrive pas ce n'est pas grave.


Mais surtout j'ai compris que Vipassana, c'est le but et aucunement le point de départ.
Prendre les choses à l'envers peut parfois être stérile, voire dangereux. Il est donc très important de choisir avec attention le moine ou la personne laïc (mais dans ce cas, de préférence reliée à une sangha) qui vous guide durant une retraite.

Si on vous raconte n'importe quoi dés le début, vous ne serez pas à même de le savoir et vous risquez de partir dans une mauvaise direction et d'avoir ensuite à faire marche arrière, si vous le pouvez encore.


Avec du recul je pense que faire le récit de sa retraite peut-être dangereux.
Personnellement cela a été positif, mais en fonction de la manière dont on raconte les choses, on peut se perdre , on peut aussi perdre le bénéfice de sa retraite et surtout induire les gens en erreur.

Déjà, lorsque je me relis aujourd'hui, je sais que je n'écrirais plus les mêmes choses, mais ce que j'ai écris c'est ce que je ressentais à ce moment là.

Plusieurs personnes m'ont écris pour me dire que c'est grâce à mon récit qu'elles ont eu envie de faire une retraite intensive.
Et même , lors d'une
courte retraite; Une fois le Noble Silence terminé , j'ai également fait la connaissance d'une jeune femme qui m'a expliqué que c'est un peu grâce à un blog qu'elle a été tenté de faire cette expérience, et le blog en question et bien c'était celui ci......


Ma méditation s'est donc transformée durant ces derniers mois et cette transformation a, à son tour, modifié ma manière de méditer... de la même manière que la retraite intensive avait modifié ma manière de méditer.




Aujourd'hui, pour moi, Répondre à la question: "
Pourquoi je Médite?" reviens au même, que de répondre à la question "pourquoi je suis Bouddhiste?"

Je me répètes, mais si l'on peut méditer sans être Bouddhiste, on ne peut pas être Bouddhiste sans méditer ou pratiquer.

  • - Si c'est juste l'approche "intellectuelle" du Bouddhisme qui nous plait, on est pas bouddhiste, même si on a lu des centaines de livres sur la question et des sutta.
Dans le bouddhisme il faut voir les choses par soi même.

  • - A l'inverse, de nombreuses personnes méditent sans même connaître l'enseignement du Bouddha, le dhamma. Elles méditent juste pour méditer, sans même respecter la morale (sila), sans avoir la foi.
Elles méditent parce que cela leur procure "bien être" et "calme" sur le moment et ça leur suffit. Bien que pratiquant la méditation, ces personnes ne sont pas Bouddhistes.


  • - Mais on peut aussi connaître l'enseignement du Bouddha et méditer, sans pour autant être Bouddhiste.

Mais alors qu'est ce qui fait la différence?

- Le désir de se libèrer des 3 poisons. (il ne s'agit pas du désir de possèder quelque chose);
- la Foi (saddha) dans les 3 joyaux que sont le Bouddha, le sangha, et le dhamma;
- le respect des préceptes et de la morale (sila);
- une certaine discipline, la pratique ou l'entrainement (bhavana),
- de la dévotion,
- une certaine compréhension du dhamma;
- avoir de la compassion pour soi même et pour les autres.

Sans cela, on arrivera pas à la sagesse, à la compréhension et à la vue juste. Sans cela on arrive nul part.
L'attention pour l'attention, sortie du contexte des
4 Nobles Vérités ( et donc du Noble octuple sentier) ne veut rien dire, en tout cas, cela ne conduira pas à voir les choses comme elles sont (vipassana)

Lorsque j'ai commencé ce blog, je n'avais pas conscience de la force de la foi, celle ci était présente mais au cours de ces derniers mois elle s'est renforcée.

J'ai le sentiment d'avoir énormément changé depuis mes premiers messages sur ce blog, d'avoir muri. J'entends par là d'avoir avancé sur le chemin. Je ne suis plus la même personne.

La durée, même si elle a une importance n'est pas essentielle, l'intensité de la pratique est aussi importante.

Mais surtout je réalise aujourd'hui que ça fait des années que je suis sur le chemin mais je ne le savais pas.

Lorsque je regarde derrière moi, je réalise que beaucoup d'évènements dans ma vie m'ont fait progresser sur le chemin.

Je suis venue au "Bouddhisme" non pas pour me sentir mieux , car je n'étais pas "mal" au sens pathologique du terme, mais pour me sentir différente.

Je reste persuadée que si j'avais rencontré le dhamma à 20 ans je serai passé à côté.

Pourtant, je n'envisage plus la vie sans le dhamma, ma vie est le dhamma et le dhamma est ma vie.

Ma vision des choses a également changé.


En réalité, tous ces éléments vont se renforcer avec et grâce à la pratique.

Lorsque l'on débute, on ne sait pas bien ce qui se passe, on ne comprends pas toujours nos motivations, d'autant plus que notre kamma y est pour quelque chose.

Certaines personnes ont déjà pratiqué dans leurs vies antérieures d'autres non, nos personnalité, nos rencontres, les évènements, tout ça va faire de nous des pratiquants différents, ni supérieurs ou inférieurs, juste différents


Les enseignements du Bouddha considérés dans leur globalité, sont tous en interrelation au sein d'un système parfaitement cohérent, de pensée et de pratique, trouvant son unité dans son but final : la réalisation de la libération de la souffrance, au sens le plus large



Le but de la Méditation ce n'est pas la relaxation ni même de trouver la paix et la sérénité pendant 45 ou 60 minutes, même si effectivement durant la méditation on ressent un sentiment de bien-être.

Le but de la Méditation c'est d'arriver un jour à se libérer des 3 poisons.

Un jour? mais quand ?

Dans cette vie même ou dans une autre, peu importe, ce qui compte c'est avancer, progresser et réduire progressivement les kilesas (impuretés en pali).

Ce qui est terrible c'est que plus on avance dans la pratique plus on réalise qu'on est remplie de kilesas et qu'il nous faudra beaucoup de temps pour s'en débarrasser.

Mais finalement, c'est déjà un progrès énorme que de voir nos propres kilesas. C'est un pas vers la connaissance, par opposition à l'ignorance.

Toute notre vie est illusion et ignorance , mais on ne le sait pas. Lorsque l'on commence à réaliser cela on ne peut plus revenir en arrière.



Pour rappel les 3 poisons :

Ce sont les 3 poisons, ces "pollutions de l'esprit" qui poussent les individus à agir en créant les conditions d'apparition de la souffrance : dukkha.

Ces poisons sont:

Lobha :
Avidité, cupidité, convoitise, propention à s'accrocher; à chercher le plaisir, l'attachement.
Selon Michel Henri Dufour : Comprend tous les degrés depuis la plus légère trace d'attachement jusqu'au forme les plus graves de convoitises et d'égocentrisme


Dosa :
La haine, La malveillance.
Selon Michel Henri Dufour : Comprend tous les degrés d'aversion depuis le plus légère touche de mauvaise humeur (envers les autres et envers soi même) jusqu'au formes extrème de colère et de haine.

Moha
La confusion ou l'ignorance , l'illusion mais aussi la stupidité et la sottise



Agir avec des motivations positives entraine des conséquences positives mais n'est pas en soi suffisant pour obtenir la transformation de l'esprit, illuminé par la vrai nature de la réalité

La pratique du bouddhisme consiste en grande partie à comprendre ce lien entre la souffrance et ses causes, afin de sortir du cycle sans fin des existences dans lequel elles nous enchaînent.

Kathy 

3 commentaires:

Unknown a dit…

"Humain trop humain" disait l'ami Nietzsche (je sais qu'il y a un "z" mais où exactement ... bon allez on dirait qu'il serait là!)...
mais également l'auteure de ce blog et c'est rassurant lorsque comme moi on commence à arpenter la voie du dhamma. Qu'est ce qu'il peut y avoir comme cailloux qui se glissent dans nos sandales et qui nous ralentissent !!!! -sourire-
Merci de votre récit Kathy.

Puissent tous ceux qui sont dans l'adversité trouver la possibilité de la surmonter .
Kad.

Catherine a dit…

merci kadda d'être passé.. des cailloux ? oui et même parfois des rochers..
Puisses tu trouver la paix et la sérénité, puisse tous les lecteurs de ce blog avancer sur le chemin sans rencontrer trop d'obstacles.

bouddhiste a dit…

J'ai découvert le bouddhisme il y a peu . Avant, je me prenais un peu pour un extra terrestre, un peu en décalage avec les autres "êtres humains" .Et puis, les premiers écrits , et puis les premières évidences, et puis cette vision hyper claire du monde, de mes actes. Tout a pris sa place. Je pense que lorsqu'on a vécu une vie ou l'on a été confronté à la mort, aux coups du sort, On a subi, vécu pas mal de choses qui sont clairement expliquées dans les écrits de bouddha. La compréhension n'en est que plus rapide, plus claire. Cette clairvoyance, il faut la partager, l'offrir aux autres afin de les éclairer , de les aider à avancer à leur tour. pour cela, merci..