vendredi 18 janvier 2008

Marche Méditative





J'ai déjà évoqué la Méditation en marchant dans un autre message :

Dans ce message précédant vous pouvez lire:

1)La pleine-conscience de la marche selon Ajahn Sucitto

2) Instructions pour la méditation en marche selon la méthode "Mahasi"


Pour le lire ou le relire, c'est par ICI



Remarques préalables:

La marche méditative est importante car, bien plus que la méditation assise, elle nous entraîne pour la méditation dans la vie de tous les jours.

Personnellement, je trouve qu'il est plus difficile d'être attentif et de se concentrer en marchant car il y a plus de distractions et on a les yeux ouverts, c'est pour cela qu'il faut diriger son regard vers le bas et devant soi.

(Dans le récit de ma retraite je parle beaucoup de cette "marche méditative" puisque je passais autant de temps en méditation assise qu'en méditation en marchant. Cependant aujourd'hui je ne fais plus aucune "note mentale".)



Mais, "La méditation assise et en marchant sont les mêmes dans leur essence et ne diffèrent que par la position physique employée."(Ajahn Chah)



L'enseignement d'Ajahn Sumeddho qui va suivre, s'intitule :
Jongrom ou la Marche Méditative



Etre attentif aux mouvements de ses pieds

Jongrom
est une pratique de marche méditative qui consiste à être attentif au mouvement de ses pieds. Depuis le début du chemin jusqu’au bout, vous portez votre attention sur le corps qui avance puis sur le fait de se tourner et de rester debout immobile.

Ensuite apparaît l’intention de reprendre la marche et enfin la marche elle-même.
Repérez des points clés comme le milieu et le bout du chemin, le moment de tourner et l’instant d’immobilité avant de reprendre la marche.

Utilisez-les pour retrouver une attention pleine et entière lorsque l’esprit se disperse en cours de route. Si vous ne faites pas attention, vous pouvez vous retrouver en train d’organiser une révolution ou je ne sais quoi tout en pratiquant jongrom ! Je me demande combien de révolutions ont été fomentées pendant la pratique de jongrom ! …


Se concentrer sur ce qui se passe réellement

Donc, au lieu de laisser vagabonder le mental, nous utilisons ce moment pour nous concentrer sur ce qui se passe réellement. Bien sûr, les sensations que nous éprouvons ne sont pas extraordinaires, elles sont même si ordinaires qu’en général nous ne les remarquons pas.

Alors voyez qu’il faut faire un certain effort pour être véritablement conscient de ce genre de choses.
Si, au milieu de la marche, votre esprit se retrouve en Inde, prenez-en simplement conscience. A ce moment là, vous êtes éveillé. Profitez-en alors pour recentrer l’esprit sur ce qui se passe vraiment dans le corps qui se déplace ainsi.



C’est un entraînement à la patience,

parce que l’esprit ne cesse d’aller de toutes parts. Si par exemple vous avez autrefois vécu des moments merveilleux pendant une marche méditative, vous risquez de penser : « A la dernière retraite, j’ai pratiqué jongrom et j’ai vraiment senti le corps qui marchait tout seul, il n’y avait personne là, c’était magique. Si seulement je pouvais retrouver cette sensation … »

Observez ce désir basé sur un souvenir agréable. Voyez que c’est un obstacle et laissez-le tomber. Peu importe que vous viviez un moment magique ou pas. Un pas et puis l’autre, c’est aussi simple que cela.

Contentez-vous de ce peu, laissez aller tout le reste au lieu d’essayer d’atteindre un état extraordinaire que vous avez pu connaître autrefois en pratiquant cette méditation. Plus vous
essaierez, plus vous vous rendrez malheureux parce que vous aurez cédé au désir de vivre une belle expérience basée sur un souvenir.

Contentez-vous de ce qui se passe à cet instant, peu importe ce que c’est. Soyez en paix avec ce qui est, plutôt que vous énerver à rechercher un état que vous désirez.


Un pas à la fois.

Voyez comme la marche méditative est paisible quand tout ce que vous avez à faire est d’être présent à un simple pas. Par contre si vous pensez que vous devez développer samadhi à partir de cette pratique alors que votre esprit s’échappe dans tous les sens, que se passe-t-il ? « Je déteste cette méditation, elle ne me calme pas du tout. J’essaye d’avoir le sentiment de marcher sans personne qui marche et mon esprit s’emballe tous azimuts ». Cela parce que vous ne comprenez pas encore comment il faut pratiquer, votre mental se fait des idées, il essaie d’obtenir quelque chose au lieu de simplement être.

En marchant, tout ce que vous avez à faire c’est de marcher. Un pas et puis l’autre ... C’est simple mais pas facile, n’est-ce pas ? Le mental panique, il essaie de comprendre ce que vous êtes sensé faire, ce qui ne va pas chez vous et pourquoi vous n’y arrivez pas.

Mais voilà, ce que nous faisons au monastère est aussi simple que cela : nous nous levons le matin, nous nous retrouvons pour le chant récitatif et la méditation, nous faisons le ménage, nous cuisinons ; assis, debout ou en marchant, nous méditons et nous travaillons. Nous faisons ce qu’il y a à faire, sans discrimination, une chose après l'autre.

Ainsi donc, être présent à la réalité des choses est la pratique du non-attachement, lequel apporte paix et bien-être.

La vie change et nous la voyons changer. Nous sommes capables de nous adapter à l’impermanence du monde sensoriel. Que les choses soient agréables ou désagréables, nous pouvons toujours tout supporter et assumer, quoi qu’il arrive dans notre vie. Si nous réalisons la vérité, nous réalisons la paix intérieure.


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