mercredi 9 juillet 2008

La Fin de la souffrance c'est la Fin de la souffrance que l'on créé par ignorance

Voici un autre extrait du livre d'Ajahn Sumedho : l'Esprit et la Voie

Pour rappel : Mes remarques sur ce livre sont ICI

L'Expérience directe

Question: Quand vous parlez de la fin de la souffrance, parlez-vous aussi bien de la souffrance mentale que physique ?

Réponse d'Ajahn Sumedho :
La souffrance qui cesse est celle que l'on créé par ignorance. Quand l'ignorance disparaît et que l'on voit avec la Vue Juste, le corps continue à ressentir plaisir et douleur mais on n'en souffre plus. On accepte les choses comme elles sont.

Quand on ne connaît pas cette vérité, on crée de la souffrance. Si le corps est malade ou douloureux, on refuse ces sensations ; la peur, la colère ou la dépression s'ajoute à la maladie et à l'inconfort qu'elle occasionne. Cela, c'est la souffrance que nous créons. Ensuite, parce que nous avons tendance à y résister, nous créons les conditions pour que naissent encore plus de tensions.

Si vous méditez sur la douleur- disons que vous soyez assise et que vos iambes commencent à faire mal - et que vous vous concentrez vraiment sur la sensation que vous l'acceptez telle quelle est, vous n'en souffrez pas.

La souffrance arrive quand vous voulez vous débarrasser de la sensation douloureuse quand vous souhaitez qu'elle n'existe pas, quand vous voulez bouger. Cette souffrance-là est celle que nous produisons.

Alors, observez cela dans votre méditation : ou est le conflit ? Où est la souffrance ? Est-ce qu'avoir mal aux jambes est réellement une souffrance ou pas? Si vous vous concentrez sur la sensation, vous réalisez qu'elle n'est que ce qu'elle est- mais il y a cette réaction de rejet.
Et plus vous la rejetez, plus vous souffrez : "Je ne peux pas supporter cela, c'en est trop" , Vous vous mettez en colère.(...)

Pour vous concentrer sur la sensation physique, il faut commencer par l'accepter et non vous concentrer dessus pour vous en débarrasser. Cela ne marche pas,c 'est encore de l'aversion. Il faut l'accepter.

En fait, il faut l'accepter pour toujours. Quand vous l'acceptez complètement, la sensation elle-même est encore présente mais ce n'est qu'une simple sensation, on ne peut même pas dire qu'elle soit douloureuse. Elle est comme elle est.

Le sentiment qu'elle est absolument horrible et insupportable a disparu et, dès lors, les conditions qui entretiennent et augmentent la douleur - comme l'aversion, la colère et la haine - ont tendance à diminuer.


Remarques personnelles

Ce qui est vraiment bénéfique dans ce livre c'est que si vous avez déjà médité, vous avez nécessairement déjà ressenti ce qui est décrit, mais peut-être n'y avez vous pas assez porté attention.

Grâce à ces remarques faciles à comprendre on va pouvoir progresser dans notre méditation quotidienne, dans notre pratique quotidienne qui ne se limite pas à la méditation assise.  On va faire plus attention à ce qui est. 


Ce livre donne envie de continuer la pratique et sans doute de commencer (pour ceux qui n'ont jamais médité et pratiqué)

Pour illustrer ce passage du livre, voici quelques extraits d'un message du 4 septembre 2007 (Savoir observer et accepter la douleur et les sensations désagréables). Dans ce message je reprenais ce que j'avais pu expérimenter durant une retraite intensive de 10 jours.
Si vous avez lu mon récit , ces expériences sont racontées dans des messages différents.


2e jour

...J'ai pu observer de manière très claire la peur et l'inquiétude qui accompagnent souvent les douleurs. La peur et l'inquiétude augmentent considérablement la sensation de douleur.

5e jour

.. Maintenant j’arrive à ACCUEILLIR de manière calme, les sensations désagréables (de toute manière ce serait peine perdue de vouloir les fuir ,) et le bruit qui me gênait au début fait partie de ma méditation.
Il m’arrive d’avoir une sensation de bonheur intense , de paix intérieure mais qui ne dure pas : tout est "impermament", je peux le voir par moi même.

.. Pour les douleurs liées à la position assise (donc douleurs dites "méditatives"), je commence à les observer de manière plus détachée : Certaines douleurs sont des « engourdissements », d’autres des « crampes » ou encore des « fourmillements ». Je fais bien la différence entre les différentes douleurs.
J'essaie de porter toute mon attention sur le centre de la douleur, d'observer son étendue, sa forme. Parfois j’observe de la chaleur, d’autres fois je peux observer clairement que la douleur augmente ou diminue. Mais je n'ai pas encore réussi à voir la douleur disparaître au moment où je l’observe et la note.
Toutefois, il m'est arrivé de réaliser que la douleur a changé de place et d'intensité, mais je n'ai pas encore réussi à observer le changement, au moment même où il se produit.

J'observe aussi mon état d'esprit par rapport à la douleur. La douleur peut provoquer de la peur, de l'angoisse ou de l'inquiétude. J’observe alors la douleur physique (objet physique) mais également mon état d’esprit. (objet mental). Et si en plus d’observer, je note, j’observe mon esprit qui note (objet mental). Il y a alors trois objets observés : la douleur, l’état d’esprit et l’esprit qui note.

Lorsqu'une douleur est observée de manière attentive, ce n'est plus qu'une douleur, qu'un objet physique à observer parmi d'autres. Mais, à partir du moment où l'observation cesse ou devient superficielle, la douleur reprend le dessus.
Parfois je réalise que mon observation est devenue superficielle et cela devient un nouvel objet à observer. Je m’observe entrain d’observer de manière trop superficielle. C’est incroyable le nombre d’objets que l’on peut observer lorsque l’on est attentif. Cette observation devient alors une véritable souffrance et vous réalisez, une fois de plus, que le bouddha a raison lorsqu’il dit que le corps est dukkha.


8, 9 et 10e jours

La douleur est devenue, au fil des jours, un objet très présent. Si les premiers jours, elle n’apparaissait que vers la fin, depuis quelques jours la douleur apparaît très peu de temps après le début de l’assise, parfois elle est même présente dès le début de l’assise.

La douleur n’a pas changé, c’est mon attitude à son encontre qui a changé. Au lieu d’en avoir peur, je la considère comme quelque chose de bénéfique car je sais que grâce à elle, je vais progresser dans la compréhension de sa vraie nature.

Je pense avoir commencé à observer que la douleur change non seulement d’intensité, mais de place, tout comme les démangeaisons.

Lors d’un entretien avec le Vénérable, j’ai expliqué que parfois, les démangeaisons changeaient si rapidement d’endroit, que je n’avais pas le temps d’observer l’envie de gratter et, effectivement, l’envie de gratter avait disparu, il ne restait que la démangeaison. Or, la démangeaison sans l’envie de gratter devient presque agréable, c’est l’envie de gratter qui est pénible, pas la démangeaison elle-même . J’avais alors l’impression que c’est le souffle du vent qui parcourait tout mon corps.

Avec la douleur c’est pareil, parfois il n’y a que la douleur, d’autrefois il y a la douleur plus l’envie qu’elle cesse (par exemple), ce qui fait deux objets à observer : un objet physique et un objet mental.

Quand la douleur est trop forte, j’expire mentalement au centre de la douleur : ainsi si la douleur est située dans le bas du dos, j’expire mentalement dans le bas du dos et j’observe cela sans faire de note mentale. Je ressens alors comme un souffle d’air froid à l’endroit exact où j’ai expiré mentalement, ce qui me permet de me relaxer, de me détendre pour mieux observer la douleur. C’est une technique empruntée à la relaxation, mais parfois il est utile d’arriver à se détendre, à se calmer pour être mieux à même d’observer les phénomènes.

Une autre attitude lorsque la douleur devient trop intense, je reviens à l’observation de l’abdomen.

Il m’est arrivé, au cours de ces derniers jours, d’observer la douleur comme si elle ne faisait plus partie de mon corps, c’est l’impression que j’avais lorsque je n’observais que la douleur physique sans la présence de la peur ou de l’envie que ça s’arrête.
Une fois de plus je ne trouve pas les mots pour décrire ce que j’ai observé à propos de la douleur.

Et puis chaque yogi ressent les choses différemment.

J’ai donc pu observer que la douleur varie d’intensité qu’elle n’est jamais constante, parfois on peut observer clairement ces changements d’autre fois moins. Lorsque la douleur change de place, c’est si rapide qu’on ne sait pas trop ce que l’on a vraiment expérimenté, c’est une impression étrange.



Kathy




2 commentaires:

Anonyme a dit…

Je viens de me procurer ce livre. C'est le premier qui offre à celui qui le lit des textes empreint de tant de clarté. J'ai l'impression de redécouvrir les enseignements bouddhistes comme si au préalable je ne les avais jamais compris...

Catherine a dit…

merci Nicolas pour ton témoignage.