lundi 25 août 2008

L'enseignement du Bouddha c'est la connaissance de la Véritable nature des Choses

Ci après un nouvel extrait de:  "Manuel pour l'Humanité" de Buddhadasa Bhikkhu  Traduction de Jeanne Schut - Titre original : A Handbook for Mankind, 1964

  • Lire la Présentation de ce manuel et  des extraits du chapitre 1 (Regards sur le Bouddhisme) :  ICI

Remarques Préalables:

Au départ, les enseignements du moine Buddhadasa peuvent vous sembler différents de ce que vous avez entendu ou lu jusqu'alors, même venant d'enseignants de la tradition théravada ou de la tradition des moines de la Forêt.

Avec un peu de recul et d'attention, cet enseignement devrait vous aider à comprendre vraiment ce qu'est l'essence même du Bouddhisme.
Revenir à l'essentiel, c'est cela que nous enseigne Buddhadasa Bikkhu. 


- Voici ce que le Vénérable D Rewata Dhamma, l'auteur du livre "Le Premier enseignement du Bouddha" dit en parlant de Buddhadasa Bikkhu : 

"Ajahn Buddhadasa était l'un des plus grands professeurs contemporains en Thaïlande. Ses enseignements, idées et points de vues étaient controversés pour les bouddhistes thaïs traditionnels. En Thaïlande et d'autres pays du Bouddhisme Theravada, le bouddhisme est bien établi, et la plupart des enseignements sont basés sur des interprétations traditionnelles des textes de Pali. Quiconque s'écarte de cette interprétation traditionnelle, devient immédiatement controversé.
Ajahn Buddhadasa était courageux et n'a eu aucune hésitation à exprimer publiquement ses pensées et sentiments, que les gens aient étés d'accord avec lui ou pas.

Néanmoins, ses enseignements sont maintenant largement acceptés par les intellectuels en Thaïlande, et même ceux en dehors de la tradition de Theravada. Personnellement, j'apprécie ses idées parce que son approche est très franche, logique et facile à comprendre
. "



- Pour en terminer avec ces quelques remarques préalables, je reprendrai la présentation de mon amie Tinh'y :

"Les enseignements du Vénérable Buddhadasa peuvent nous paraitre quelque peu hors de la réalité, ils peuvent même choquer ou heurter notre mentalité occidentale...
Pourtant ils s’appuient sur les valeurs bouddhistes et morales de l’enseignement du Bouddha... Sans rejeter ce qui nous heurte dans un premier temps, sans s’attacher à ce qui nous plait, essayons d’avoir le courage d’approfondir une pensée qui n’est pas la nôtre, mais qui, s’appuyant sur le Dhamma, a peut-être quelque chose à nous dire..
."
Source : Karuna 

  • Lire les autres enseignements publiés sur ce blog  sous le libellé/mot clé : Buddhadasa Bikkhu 


Chapitre 2 : La Véritable Nature des Choses


Le bouddhisme est une méthode dont le but est d’apporter une connaissance technique inséparable de sa pratique et d’apporter une compréhension pratique et organisée de la véritable nature des choses

(...) même si un individu est profondément vertueux, il souffrira comme les autres de tout ce qui se rattache à la naissance, la vieillesse, la douleur et la mort, et sera opprimé par les obscurcissements de l’esprit. La moralité est loin de permettre l’élimination de la convoitise, de l’aversion et de l’ignorance ; elle ne peut donc pas supprimer la souffrance (...) tandis que le Bouddhisme — va beaucoup plus loin...il vise directement à l’élimination complète des « pollutions » de l’esprit et donc à l’extinction des différentes formes de souffrance liées à la naissance, la vieillesse, la douleur et la mort. (...)le bouddhisme va beaucoup plus loin que les systèmes moraux du monde en général (...)

Le bouddhisme est une méthode dont le but est d’apporter une connaissance technique inséparable de sa pratique et d’apporter une compréhension pratique et organisée de la véritable nature des choses. En gardant bien à l’esprit cette définition, vous n’aurez aucun mal à comprendre le bouddhisme. (...)

Si nous connaissions vraiment les choses telles qu’elles sont, nous n’agirions jamais de façon inadéquate et, si nous agissions toujours de façon adéquate, il est certain que nous ne serions jamais sujets à la souffrance. Il se trouve que nous ignorons la véritable nature des choses et, en conséquence, nous nous comportons seulement de façon plus ou moins adéquate, ce qui engendre inévitablement la souffrance. La pratique bouddhique a pour but de nous apprendre « ce qui est » réellement (...)

Pour le moment, nous pratiquons à un niveau où nous ne connaissons toujours pas la véritable nature des choses et, en particulier, nous n’avons pas encore réalisé que tout est impermanent et dépourvu d’un « soi » personnel. Nous ne réalisons pas encore que la vie, toutes les choses auxquelles nous sommes attachés, que nous aimons, désirons et apprécions, sont impermanentes, insatisfaisantes et vides de tout « soi ».(...)

Quand, en suivant les enseignements du Bouddha, nous en arrivons à voir les choses correctement, à voir clairement qu’elles sont toutes impermanentes, insatisfaisantes et dépourvues de « soi », qu’elles ne valent pas la peine que l’on s’y attache, il se produit immédiatement une sorte de glissement qui nous libère du pouvoir dominateur des choses (...)

Dans son essence, l’enseignement du Bouddha, tel qu’il apparaît dans le Tipitaka, n’est autre que la connaissance de la véritable nature des choses — ni plus ni moins. Tenez-vous en à cette définition : elle est exacte et il est bon de l’avoir en esprit pendant la pratique (...)


Les Quatre Nobles Vérités nous informent clairement sur la véritable nature des choses

A présent, nous allons démontrer la validité de cette définition en prenant pour exemple les Quatre Nobles Vérités.

La Première Noble Vérité, qui fait apparaître que tout est souffrance ou cause de souffrance, nous dit précisément ce qu’il en est de toutes choses. Mais comme nous ne parvenons pas à comprendre tout ce qui est source de souffrance, nous désirons ces choses-là. Si nous les voyions comme sources de souffrance, à coup sûr, nous n’en voudrions pas.

La Seconde Noble Vérité montre que le désir est la cause de la souffrance. Les gens ne savent toujours pas, ne voient pas, ne comprennent pas que les désirs sont causes de souffrance. Ils désirent tous ceci ou cela, simplement parce qu’ils ne comprennent pas la nature du désir.

La Troisième Noble Vérité montre que la délivrance — c’est-à-dire la libération de la souffrance ou Nirvana — consiste en l’extinction totale du désir. Les gens ne comprennent pas que le Nirvana est un état qui peut être atteint à tout moment et en tout lieu, à l’instant précis où le désir disparaît totalement. Ainsi, n’ayant aucune connaissance de la réalité des choses, ils ne s’intéressent pas au Nirvana parce qu’ils ne savent pas ce que c’est.

La Quatrième Noble Vérité est appelée « la Voie » ou « l’Octuple Sentier ». C’est la méthode qui permet d’éliminer tout désir. Personne ne la comprend ainsi, personne ne s’intéresse à l’Octuple Sentier qui abolit le désir. Les gens ne voient pas qu’il s’agit là du soutien dont ils ont précisément besoin (...) Ils ne s’intéressent pas au Noble Sentier du Bouddha qui est pourtant un joyau parfait et précieux parmi la masse des connaissances humaines. C’est une ignorance épouvantable.(...)


Tout phénomène naît d’une cause

Nous allons maintenant nous pencher sur un passage des textes du Canon Pali qui résume l’essence du bouddhisme. Il s’agit des paroles que le bhikkhu Assaji adressa à Sariputta quand celui-ci lui demanda de résumer l’essence du bouddhisme en quelques mots. Assaji répondit :

« Tout phénomène naît d’une cause. Le Bouddha a montré quelles sont les causes et comment tous les phénomènes peuvent disparaître quand on en élimine les causes. Voilà ce qu’enseigne le Maître ».

Ce qu’il a dit, en fait, c’est qu’à l’origine de tout phénomène, il y a des causes qui se sont combinées pour lui donner naissance. Le phénomène ne peut être éliminé tant que les causes ne l’auront pas été. (...)

Il n’y a que des effets qui apparaissent suite à des causes, qui se développent en fonction de ces causes, et qui disparaissent à la cessation de ces causes. Le monde n’est qu’un flux perpétuel de forces naturelles qui ne cessent de s’entrecroiser et de changer. (...)

(...) tout n’est qu’apparence et que nous ne devons pas tomber dans le piège d’aimer ceci ou détester cela.

(...) Libérer réellement l’esprit signifie échapper complètement à la chaîne de causalité, en éliminer radicalement les causes. Ainsi l’insatisfaction engendrée par les phénomènes d’attirance et de répulsion sera anéantie

Les « trois caractéristiques »

Autre élément important de l’enseignement du bouddhisme : les « trois caractéristiques », c’est-à-dire l’impermanence (anicca), l’insatisfaction ou souffrance (dukkha) et le non-soi (anattā). Ignorer cet enseignement, c’est ignorer le bouddhisme. Il montre que tout est impermanent, tout est insatisfaisant et dépourvu de « soi ».

- Dire que tout est impermanent signifie que tout est en perpétuel changement du fait qu’il n’y a aucune entité ou « soi » qui reste inchangé, ne serait-ce qu’un instant.

- Dire que tout est insatisfaisant signifie qu’en toutes choses se trouve une source inhérente de souffrance et de tourment. De par leur nature, elles ne peuvent qu’inspirer répulsion et désenchantement.

- Dire qu’il n’existe pas de soi signifie qu’il n’existe nulle part la moindre entité que l’on aurait le droit de considérer comme une « personne » (moi) ou appeler « sien » (à moi). Si nous nous saisissons des choses et nous attachons à elles, nous n’en retirerons que souffrance.

(...) Nous avons vu combien il est important de connaître la nature réelle des choses. Il nous faut également savoir comment pratiquer pour agir en accord avec cette nature.


Pratiquer pour agir en accord avec cette nature.

(...) Il existe un autre enseignement dans les textes connu comme « l’enseignement majeur ». 
Il se résume à trois points : 
1-éviter le mal, 
2-faire le bien 
Ces deux éléments ne sont que des niveaux de moralité 

3-purifier l’esprit. 
ce Troisième élément est du bouddhisme pur


Eviter le mal
Savoir que tout est impermanent, sans valeur et pas « nôtre », que rien ne vaut donc que l’on s’en saisisse et que l’on s’y attache, doit nous inciter à agir en conséquence et avec prudence ; c’est ce qui s’appelle éviter le mal. Cela implique ne pas enfreindre le code moral en vigueur et renoncer à la convoitise et à l’attachement excessifs

D’un autre côté, il faut faire le bien — le bien tel que l’ont compris les sages. Ces deux éléments ne sont que des niveaux de moralité

Le troisième par contre, selon lequel nous devons purifier notre esprit de tout type de contamination, est du bouddhisme pur
Il nous dit de libérer notre esprit. Tant que l’esprit est sous la domination des pensées et des émotions — que l’on appelle « les objets de l’esprit » — il ne peut pas être propre et pur. La liberté de l’esprit doit venir d’une connaissance extrêmement profonde de la nature de ces objets. Sans cette connaissance, nous continuerons inévitablement à errer aveuglément, d’attirance en répulsion, d’une manière ou d’une autre. Tant que nous réagirons ainsi, nous ne pourrons nous prétendre libres. (...)


Un Bouddhiste est une personne qui met en pratique les enseignements du Bouddha

(...) le bouddhisme est l’enseignement du Bouddha, l’Eveillé, et un bouddhiste est une personne qui met en pratique ses enseignements.

En quoi le Bouddha a-t-il été éveillé ? Simplement dans la mesure où il a compris la véritable nature de toute chose. Le bouddhisme est donc l’enseignement qui nous montre la vérité sur ce qui est. A nous de le pratiquer jusqu’à connaître cette vérité par nous-mêmes. Nous pouvons être assurés que, dès que nous aurons atteint cette connaissance parfaite, tout désir disparaîtra car la connaissance s’élève à l’instant même où l’ignorance disparaît.

Dans le bouddhisme, chaque aspect de la pratique a pour but de développer la connaissance. C’est simplement pour acquérir cette connaissance que vous engagez votre esprit sur la voie de la pratique qui pénétrera au cœur du Bouddha-Dhamma.

Mais faites en sorte que ce soit une connaissance juste, obtenue par la claire vision pénétrante et non une connaissance mondaine, partielle, qui risque, par exemple, de prendre le mal pour le bien et de croire qu’une source de souffrance sera source de bonheur. Essayez vraiment de considérer les choses en termes de souffrance et vous en viendrez à cette connaissance, progressivement, pas à pas. Cette connaissance-là sera la connaissance du bouddhisme, basée sur de solides principes. (...)

Nous devons observer absolument tous les phénomènes que nous rencontrons, en comprendre la nature mais aussi, trouver la source de la souffrance qu’ils causent, cette souffrance qui nous enflamme et nous brûle. S’établir dans l’attention, observer et attendre, examiner, comme cela a été expliqué, la souffrance qui nous arrive, telle est la meilleure façon de pénétrer le Bouddha-Dhamma

(...) Apprenons à connaître toutes les choses qui constituent ce corps et cet esprit. Apprenons les leçons de la vie, cette vie qui tourne sans fin dans le cycle du désir, de l’action liée au désir, de la soif des fruits de l’action, lesquels renforcent à nouveau l’envie d’en avoir toujours plus, et ainsi de suite à l’infini ; cette vie soumise au cercle vicieux du samsāra, l’océan de souffrance, purement et simplement à cause de l’ignorance de la véritable nature des choses.

En résumé, le bouddhisme est une méthode pratique et organisée dont le but est de nous révéler les choses telles qu’elles sont réellement. Une fois que nous avons vu leur véritable nature, nous n’avons plus besoin de personne pour nous enseigner ou nous aider, nous pouvons continuer à pratiquer seuls.

 Le progrès que nous faisons sur le sentier (...) suit le rythme auquel nous éliminons les «souillures» de l’esprit et nous abandonnons les actions erronées. Finalement, nous atteindrons ce qui peut arriver de mieux à un être humain, ce que l’on appelle le fruit du Sentier, le Nirvana. Nous pouvons y parvenir seuls, simplement en apprenant à comprendre le sens ultime de la véritable nature des choses.

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